CALI
bête de scène, bête de vie

Avez-vous vu les Clash sur scène?

Je ne les ai pas vus non. Par contre, j’ai vécu quelque chose de fort à l’occasion de la première fête de la musique, en 1981. A la télévision, il y avait un film des Beatles et à 4 heures du matin Rude Boy des Clash. Ce choc, ce moment incroyable, m’a donné beaucoup d’énergie pour le reste de ma vie. Ce moment précis, le 21 juin 1981 à 4 heures du matin, Rude Boy des Clash et la vie change après ça !

A ce point-là ?

Oui, c’est important. Il y a eu ça et le 20 octobre 1984 à Toulouse, le concert de U2. Je n’étais pas à Londres en 1977 mais Londres était chez moi, voilà ! J’ai amené Londres à la maison.

Il y a un docteur qui a dit que tout ce que l’on écoute entre 8 et 12 ans ou 13 ans, constitue les émotions musicales qui vont nous suivre toute la vie. Mon frère m’a fait écouter les Sex Pistols, les Clash, les Ramones et c’est quelque chose qui me tient à cœur, qui me tient aux tripes aujourd’hui. Comme l’histoire de Patti Smith, sa vie… Quand je suis allé à New York, je suis allé évidemment au Chelsea Hotel regarder la chambre numéro 100. Il n’y a plus le numéro mais c’est là où Sid Vicious a tué Nancy. Dans cet hôtel, Leonard Cohen -que je suis allé voir l’autre jour à l’Olympia en concert- a rencontré Janis Joplin. Jimmy Hendrix y avait pris un étage entier pour enregistrer un album… Dylan a écrit des chansons là-bas. Ça me touche beaucoup de faire ce parcours, ce pèlerinage.

J’ai fait ce genre de chose aussi. Plus tristement, je l’avoue, je suis allé devant l’endroit où Lennon s’est fait assassiner.

Moi aussi j’y vais chaque fois à New York. Aller devant le Dakota Hotel, c’est fort, c’est puissant.

donc U2, 1984… Deuxième choc !

Oui deuxième… Et là c’est quelque chose d’un peu plus concret, parce que je suis un peu plus âgé. J’ai 16 ans en 1984 et, je me souviens, j’ai cassé ma tirelire avant le concert pour acheter Boy, October et War. Ce concert-là, c’était celui de l’album The Unforgettable Fire. Je suis arrivé pendant la balance, l’après midi, ils répétaient 'Pride, In the Name Of Love'. Nous sommes allés derrière le Palais des Sports et Bono était dehors. On est allé le voir, on a discuté avec lui. Il m’a signé un autographe que j’ai toujours chez moi, c’est une relique ! J’ai souvenir d’avoir dit à l’ami qui était avec moi « c’est merveilleux ce qui nous arrive là » puis je me suis retourné et Bono me regardait avec ses yeux bleu clair. Ce sont des grands moments de vie. U2 ça été après une fugue en avant.

Y a-t-il un point commun pour vous entre ces artistes : Jim Kerr, Bono ?

Le point commun je le trouve dans le Jim Kerr ou le Bono de 18 ans ou 19 ans, dans une interview que j’ai vu sur Youtube. Ils sont gamins. C’est un concert qu’ils vont donner à Torhout en Belgique et ils sont tous les deux derrière à discuter avec le journaliste. Dans leurs yeux on voit que leur vie va être une quête d’absolu et leur musique également, qu’à eux deux ils vont provoquer un raz de marée total. On le voit. Je crois que le point commun il est là, dans les yeux.

C’est vrai qu’aujourd’hui les gens ne se rappellent pas que c’était immense Simple Minds.

C’était immense et cette année ils fêtent les 30 ans du groupe. Si on regarde les best of ce sont des tubes à la pelle, c’est incroyable ! Aujourd’hui il y a plein de DJ qui les samplent. Et quand on écoute 'New Gold Dream' ou même avant, 'The American', c’est incroyable.

Oui je trouve aussi. Et Police, qui s’est reformé récemment, vous aimez ?

Je ne suis pas allé les voir… je n’étais pas fan hardcore de Police sauf qu’évidemment, dans les boum d’adolescents, les 'Roxane', 'Message In The Bottle' ou 'Don’t Stand So Close To Me', c’était important. Ce sont des grandes chansons, de grands musiciens. Par contre, je trouve que la tournée de reformation c’est un peu de la réchauffe et, à priori, ils ne se sont pas trop regardés hors scène. Après, si ça a fait plaisir ne serait-ce qu’à quelques personnes de les revoir, alors il fallait le faire.

Parmi les « petits nouveaux », parce que là on parle des anciens, qui voyez-vous comme bête de scène ? Ou alors, pour parler autrement, qui vous voyez dans votre veine ? Il y a sûrement Miossec j’imagine ?

Oh… évidemment il y a les Dionysos, Mathias Malzieu est exceptionnel. C’est le plus haut, pour moi. C’est un très grand écrivain, un très grand chanteur de Rock, un très grand poète et en plus aujourd’hui il va mettre en scène. Il va faire un film de son magnifique livre La Mécanique Du Cœur. Il y a aussi Christophe Miossec, évidemment, Dominique A… je trouve qu’il y a une belle génération. J’adore Florent Marchet. L’arrivée de Renan Luce, les Bénabar, les Delerm, Sanseverino, c’est important pour nous, pour tout le monde. Cette nouvelle génération a été adoubée par Daniel Darc, Bashung, qui ont été adoubés par Thiefaine, Lavilliers, Higelin qui ont été adoubés par Ferré , etc… et je trouve qu’il y a une belle suite donnée à tout cela. C’est à nous de tendre le bâton, d’expliquer, de montrer aux jeunes qui viennent nous voir pour nos nouvelles chansons que si on a écrit ces choses-là c’est grâce à ceux qui étaient juste avant nous. Il faut en parler et leur rendre hommage tout le temps.