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AUTOPORTRAIT DE L'AUTEUR EN COUREUR DE FOND

 

 

-de Haruki Murakami, éd. Belfond, 181p., 19,50 €

La sortie d’un nouveau Murakami est toujours un événement pour son lecteur, ssorti d’espoir, de certitude et d’impatience (au moins). Loin des furies du monde, le tête à tête peut enfin avoir lieu. Mais avant de s’en saisir, dans la précipitation, les derniers pensées fébriles restent : quelles promesses seront tenues, quelles confidences seront offertes, ou quels voiles seront levés dans ce premier récit autobiographique du maître ? Ecrire, courir et vieillir, tels sont les points clés de la vie et des pensées que l’auteur injecte dès le premier chapitre de son autoportrait. Il s’interroge, cherche des réponses, débusque des vérités dont il nous remet une sorte de journal, à la fois intime et universel.

en librairie depuis le 02/04/2009

- par Michèle BIGNON -

 

- course contre le temps -

Voici un homme qui mène une vie tranquille. Il tient un club de jazz à Tokyo, dans les années 1970, jusqu’au moment où il est soudain piqué d’une fièvre venue d’il ne sait où : « j’ai juste eu le désir ardent d’écrire un roman ». Ecrire un roman justement, il le fait en trois mois, et plutôt bien (Ecoute Le Chant Du Vent en 1979). Voilà pour l’écriture. Mais la fièvre ne retombe pas. Romans et nouvelles s’enchaînent à bonne allure, et les prix avec.

Viennent ensuite les temps des cigarettes fumées l'une après l'autre et de la surcharge pondérale. Alors la course à pied apparait dans la vie de l’auteur. A cela succède une vie bouleversée par cette nouvelle discipline : dix kilomètres d’entraînement six jours par semaine, un marathon annuel ici ou là dans le monde. Voici pour la course.

Quand l’ombre de la cinquantaine s'allonge, annonçant le déclin, il faut revoir tous ces plans savamment tracés. Il se souvient de ses vingt ans et par la même occasion de Mick Jagger, qui ne pouvait s’imaginer continuer de chanter Satisfaction après quarante cinq ans. Alors lui aussi court toujours, malgré ce corps et ses muscles « durcis comme une vieille gomme solidifiée ». Voilà pour la vieillesse.

- antipathie revendiquée -

Quant à en apprendre davantage sur la vie de l’auteur, de quoi furent faites ses premières années et sa jeunesse, nous restons sur notre faim. A peine nous jette-t-on un ou deux os : mariage à vingt-deux ans, belle-famille commerçante, (ce qui est pratique pour ouvrir un bar)… Pour dépeindre son caractère, toutefois, l’éminent homme nous confesse : « je ne pense pas que beaucoup aiment ma personnalité. Qui je vous le demande, entretiendrait des sentiments chaleureux, ou ce genre de sentiments, pour quelqu’un qui ne fait aucun compromis, et qui, au contraire, lorsqu’un problème surgit, va s’enfermer tout seul dans son bureau ? ». Et de conclure : « Etre mal aimé, haï et même méprisé, cela me semble plus naturel. Non pas que je me sente soulagé quand cela m’arrive. Au contraire, je suis malheureux quand quelqu’un ne m’aime pas. » Voilà qui rassure.

- sur le travail d’écrivain
et la passion pour la course -

Dans ce texte autobiographique, Murakami nous livre, chose essentielle, une méditation forgée par la course : celle de sa propre quête de sens à donner à sa vie, quête dont l’acte de courir serait le pivot. Avec la course à pied, il cultive sa persévérance, sa concentration, si utiles à son équilibre d’homme et de romancier. En voici le très juste reflet : « La fierté qu’éprouve le coureur de fond à être allé au bout de sa course reste pour lui le critère fondamental (...) L’essentiel est de savoir si vos écrits ont atteint le niveau que vous vous êtes assigné ».

Courir devient pour lui un moyen de mieux se connaître, de découvrir sa véritable nature. « Je dépasse les obstacles petit à petit, et lorsque j’ai réussi à franchir un niveau supérieur, je me grandis moi-même ». Dans l’effort constant, corps et esprit sont étroitement liés et Murakami est cet homme résolu à gravir la montagne. Comme la vie, la course ne tire pas son sens de la fin inéluctable. « Le point important : suis-je parvenu à m’améliorer depuis hier, ne serais-ce qu’un peu ? ». Nous sommes bien au pays du Soleil levant.

- pour conclure -

C’est « De manière libre, tel quel, honnêtement, directement », que le romancier-coureur choisit de transcrire son ressenti tout au long des 181 pages de ce récit qui occupe une place à part dans son oeuvre. Jusqu’ici fiction, poursuivra-t-elle ce tournant autobiographique à l’avenir, ou reviendra-t-elle naviguer dans ses eaux de prédilection, toutes de ténèbres et de grâce ?12/05/2009

 

A l’occasion de la sortie du nouveau Murakami, 10/18 fait paraître du même auteur : La Ballade De L’Impossible, (1987, 1994 pour la traduction française), roman attachant et subtil, et L’Eléphant S’Evapore, (1980-1990, 1998 pour la traduction française), recueil de dix-sept nouvelles.

 

 

- Haruki Murakami -

 

 

 

 

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