- "Nous critiquons les autres,
donc nous sommes critiquables" -
C’est en tous les cas ce qu’avait reconnu Roger Fressoz le patron du journal de 1969 à 1992. Mais c’est bien parce que l’hebdomadaire utilise les sarcasmes qu’il se prémunit du retour de bâton. L’humour s’avère une arme redoutable contre la révolte. Faisant fi de cet état de faits, Karl Laske et Laurent Valdiguié lèvent le voile sur cette institution qui paraît lavée de tout soupçon.
Tout d’abord, le Canard cultive le mystère par une déontologie et une maquette marginales. Refusant l’insertion publicitaire, le journal a pour unique source de revenu la fidélité de ses lecteurs. Fier de cette particularité, il n’a presque jamais changé de maquette. On notera juste quelques modifications de forme interne comme la récente apparition du «journal de Carla B. », chronique imaginaire de la vie de la Première Dame de France à l’Elysée…
- Le Canard tenaillé entre collaboration
et manipulation -
Ne comprenant que huit pages, le Canard se distingue également pas son iconographie : plus de trente dessins pour une seule photo. Quant à ses journalistes, ils boycottent purement et simplement les plateaux télé. Autant de particularités qu’ont approfondi les deux journalistes au travers de leur enquête. "Dans ce livre, on interroge le lien entre journalisme politique et journalisme d’enquête, dont le journal s’est fait le fer de lance dans les années 1970", explique Karl Laske. Il en conclue, au terme de son enquête, que «[Son] indépendance est atteinte». Les hommes politiques se serviraient de leurs passe-droits pour révéler l’information qu’ils entendent.
Quoiqu’il en soit, c’est un terrain délicat, mouvant mais passionnant que Karl Laske et Laurent Valdiguié ont foulé pour la première fois, faisant la lumière sur un journal qu'on croyait intouchable et au dessus de tout soupçon. Avec minutie et pacifisme. Le Canard enchaîné aura-t-il perdu de son mystère à la sortie de son "vrai livre" ? Réponse dès maintenant, dans vos librairies
27/11/2008