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LA MEILLEURE PART

DES HOMMES

 

 

-de Tristan GARCIA, éd. Gallimard
320 pages – 18,50 €

Ecrire un premier roman sur une période que l’on n’a pas connu, il fallait oser. Avec La Meilleure Part Des Hommes Tristan Garcia prête le flanc à la critique, forcément. Ce jeune écrivain né en 1981 à Toulouse suçait encore le pouce à l’heure ou le sida mettait un frein à la « grande joie » des homosexuels, au début des années 80. Période qu’il a pourtant choisit de décrire...

 

11/10/2008

- par Edwige BOUFFAULT -

 

- Le "pitch" -

La Meilleure part de l’homme c’est l’histoire de William Miller, un jeune auteur déséquilibré qui aime puis déteste Dominique Rossi fondateur du mouvement gay « Stand ». Après une relation de cinq ans, les deux personnages se livrent une guerre sans merci autour de la question du Sida. Dominique prône l’utilisation systématique du préservatif tandis que William soutien le "barebacking", soit la liberté de ne pas se protéger.

En second plan, Jean-Michel Leibowitz, intellectuel, philosophe et Elizabeth Levallois, journaliste à Libération. Ces deux autres personnages clés du roman, forment un couple hétéro illégitime. Amis de William et Dominique, ils sont témoins de leur lutte idéologique.

- personnages fictifs ?-

L’une des particularités de ce roman est d’interpeller d’emblée le lecteur sur la véracité des personnages. L’histoire est introduite par la notice suivante de l’auteur : « Les personnages de ce roman n’ont jamais existé ailleurs que dans les pages de ce livre. Si le lecteur juge cependant qu’ils ressemblent sous certains aspects à des personnes réelles qu’il connaît ou qu’il croit reconnaît, c’est simplement parce que, plongés dans des situations parfois comparables, personnes et personnages n’agissent pas autrement »

On se rend vite compte que cet avertissement n’est pas fortuit, car les protagonistes rappellent étrangement des figures emblématiques du mouvement gay des années 80. En Effet, Guillaume Dustant, écrivain séropositif, pourrait être le modèle du personnage William Miller. Tous deux sont de fervents défenseurs du « barebacking » et tous deux sont aujourd’hui disparus.

Didier Lestrade, journaliste et fondateur du mouvement gay « Act-up » pourrait être incarné par Dominique Rossi, journaliste et fondateur de l’association « Stand » dans le livre. Enfin, le personnage Jean-Michel Leibowitz, philosophe à l’opinion politique instable, rappelle étrangement Alain Finkielkraut, homme de lettre connu pour avoir viré du gauchisme au « sarkozysme ».

Alors ? Cette phrase d’introduction est elle une simple précaution ? Ou l’introduction, dès la première page, d’une véritable ironie ? Chacun se fera sa propre réponse…

- choix mortel -

Oui, s’il y a un sentiment qui ressort de ce texte c’est bien l’ironie. Celle de l’amour, pulsion pure, belle et constructrice (selon Freud) qui mène au Sida, maladie dégénérative, incurable et mortelle. Les deux amants n’ont d’autres choix que de mourir. Ils se sont contaminés dans leur amour. Alors que faire ? Dominique choisit de prôner la protection. Mais Will lui n’y croit pas. Il choisi l’amour cru, l’amour nu, l’amour tel qu’il est : traître, voire mortel. C’est donc cela, la meilleure part des Hommes ?

- déroutant exercice de style -

Le jeune auteur déconcerte quelque peu en prenant le parti de naviguer sans cesse entre narration et prise de parole de ses personnages. Petit exemple : « La pendule de la politique veut que ce soit souvent l’intelligence du contre-pied, par réaction, que l’on finisse par se voir attribuer la bêtise des girouettes. Je ne sais plus où j’ai lu ça – ça se trouve, même, c’est Leibowitz qui l’a écrit » Cette phrase (p 111) écrite sur le mode oral, est-elle tout de même une narration où une sorte de pensée adressée au lecteur ? Il en devient parfois difficile de comprendre qui parle ? Quand ? A qui ?

Selon l’aveu même de Tristan Garcia sur le site de Télérama, ce texte n’est en fait qu’un « exercice de style ». Inspiré par William Gaddis ou Antoine Volodine, ce jeune normalien de 26 ans dit vouloir s’adonner désormais« à la « littérature de genre ». Drôle d’entrée en matière, quoiqu’il en soit…

 

- l'auteur, Tristan Garcia -

 

 

 

 

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