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LA MAISON DE RÒZA

 

 

-d'Hubert Klimko, ed. Belfond,
180 p - 18,50€

Livre surprenant à tous points de vue, La Maison De Róza est un premier roman signé d’un jeune auteur polonais. Après Steve Toltz, dont nous avions adoré Une Partie Du Tout, Belfond nous fait découvrir Hubert Klimko. Sélectionné pour deux prix littéraires en Pologne, sa Maison de Róza, roman étourdissant, vous embarquera dans les méandres d’une maison de retraite, puis sur les rivages lointains d'une côte islandaise.. Dépaysement et étonnements garantis dans cet ouvrage déconcertant au style libéré des entraves du clacissisme.

en librairie depuis le 08/01/2009

- par Anne-Claire DUGAS -

 

- en quête de renouveau -

Deux histoires sont narrées dans La Maison De Roza, premier roman d'Hubert Klimko. La première s’intéresse à un émigré polonais, débarqué en Islande avec sa femme et son fils. Celui-ci est embauché dans une maison de retraite de la capitale, Reykjavik, où changer de service ne s’avère pas chose aisée. Saint Graal de cette bâtisse, le Toit, sorte de bunker de luxe où seul des islandais peuvent travailler, est le rêve de tout employé. Mais avant d’y parvenir, il faut faire ses preuves. Cet homme, nous emmène au gré de son quotidien, de ses rencontres jusqu’à celle qui sera le déclic : Róza.

Dans un second temps, Hubert Klimko nous fait partager l’histoire d’un homme solitaire qui décide de prendre son avenir en main et « bâtir » sa vie. Naîtront une maison, des projets mais surtout une belle histoire d’amour et deux petites filles : Róza et Karitas. Le même rêve d’un nouveau départ, deux histoires et un point commun qui les relie.

- maison témoin -

Cette maison de retraite est un microcosme, une société à elle toute seule qui recèle un très beau panel de ceux qui gravitent autour de nous tous au quotidien. Espace restreint sur une île : le sentiment d’oppression est constant, d’autant plus renforcé par ces descriptions qui cloisonnent le récit. Lorsque le principal protagoniste, émigé, débarque dans cet hospice, il est d'abord relégué aux basses œuvres, mais parvient peu à peu à gravir les échelons, passant outre les guerres internes, les mesquineries. C’est l'ambition qui mène ses pas vers les sommets de la maison.

Tous ceux qui évoluent dans ce centre pour personnes âgées n’ont d’yeux que pour le Toit, ultime reconnaissance sociale, tant pour ceux qui y travaillent que pour ceux qui y résident : les élus sont rares. Ce Toit est d’ailleurs un rejeton complètement assumé (et nommé) d’un univers d’Orwell où Big Brother contrôle son petit monde. Pour notre héros, que reste-t-il finalement après avoir atteint son objectif ? C’est sa rencontre avec Róza qui lui donnera la réponse. .

- Le mystère Róza -

Justement, parlons-en de cette Róza qui donne son prénom au titre deu roman. Elle aussi se fait attendre. On la guette au fil des pages, on espère l’apercevoir et lorsqu’on a finalement abandonné tout espoir, elle apparaît. On apprendra ce qui la rend si mystérieuse et, malgré sa cécité, ce qui la rend si clairvoyante. Notre héros semble avec elle trouver la paix et sa quête effrénée peut prendre fin. Son exil sur l’île prend tout son sens, car l'homme se cherche : « une île c’est une prison, ici, on est plus vite rattrapé pas soi-même, plus vite qu’ailleurs ». Après avoir arpenté tous les couloirs et tous les étages de cette maison du bout de la vie, il se heurte à cette femme qui, par son regard perçant sur le monde et les êtres humains, va réveiller les souvenirs.

- Une écriture décomplexée -

Ce que l'on remarque d'un prime abord en parcourant les pages de ce récit, c'est qu'Hubert Klimko se joue des codes de la littérature. Son personnage principal tarde à nous donner son prénom. Les présentations sont différées et l’on passe très vite d’un personnage à un autre. On ne sait finalement pas grand chose sur ce personnage central alors que se plante le décor.

Quant aux dialogues, l’auteur ne les met pas en valeur, ce qui pourra déconcerter le lecteur. Des phrases échangées sont intégrées dans le récit et cette entorse aux règles de mise en forme freine la lecture. Mais ce procédé prend toute sa dimension et son sens dès lors que notre héros fait la connaissance de la fameuse Róza. Les changements qui s’opèrent pour notre polonais sont alors visibles dans la transcription même du texte. La confusion engendrée par cette originalité de présentation laisse place à un sentiment, partagé avec le héros, de renaissance et d'ouverture sur le monde.

Comme pour nous dérouter d’avantage, notre compagnon polonais, qui nous avait conté sa vie, est soudain laissé en plan. Le lecteur est alors brutalement transporté dans un autre lieu, dans un autre temps et ce n'est que petit à petit que ces histoires parallèles finissent par s'imbriquer.

Alors que le style très descriptif semble avoir été délaissé dans la littérature contemporaine, Hubert Klimko se délecte à détailler l’ensemble des scènes, scrutant l’esprit de son héros. Les longues scènes de descriptions offrent une galerie de portraits variés, hommes et femmes qui ne font que passer dans la vie de cet auxiliaire de vie. Le personnage fétiche de l'auteur nous semble comme lancé sur une autoroute, avec pour seule tâche de nous décrire ceux qui le doublent, croisent sa route ou finissent au bord de la chaussée.

- L’empreinte de l’auteur -

Il apparaît vite comme une évidence que les souvenirs des personnages sont aussi ceux de l’auteur. Ancien Infirmier en maison de retraite, Hubert Klimko sait de quoi il parle. Les détails ultra réalistes du quotidien du personnel de cette institution ont d’autant plus de poids dès lors qu’on connait ce passé de l’auteur. L’atmosphère des services est tellement bien restituée qu’on a parfois l’impression d'en renifler les odeurs. Klimko partage de nombreux point communs avec son personnage principal. Ses pérégrinations l’ont mené dans divers pays, dont l’Islande. Iil sait parfaitement en retranscrire la complexité. Les thèmes qu'il aborde, la vieillesse, l’exil, l’acharnement, font écho à son propre vécu.

- Auteur à suivre -

La Maison de Róza, ouvrage d'abord déconcertant, descriptif à outrance, sait aussi distiller des myriades d’émotions : gêne, malaise, oppression, peine, souffrance, nostalgie… Transbahuté entre les innombrables rencontres du personnage principal, le lecteur découvre petit à petit un visage de l’Islande, pays lointain et méconnu. La seconde partie du livre progresse vers une densification du récit et si celui-ci achevé, un goût amer gagne vos papilles, il se muera vite en une agréable saveur d’inachevé laissant carte blanche à votre imagination. Un livre cru, violent, qui bouscule, mais c'est pour la bonne cause. Il fvous faudra du temps pour digérer avant d’émettre un avis définitif. Prenez-le, cette Róza-là le mérite05/03/2009

 

- hubert klimko -

 

 

 

 

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