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THOMAS FERSEN:
de l'homme à la mythologie

 

 

-rencontre avec un des fers de lance
de la nouvelle scène, qui poursuit
son Mythologie Tour

Extraordinaire compositeur-jongleur, fabuliste-interprète, ménestrel-auteur, Thomas Fersen nous revient en concert à la cité de la Musique les 26 et 27 janvier. Père (ou grand frère?) de la Nouvelle scène française, Pierrot lunaire tombé chez les hommes, il nous épate, nous étonne, par sa poésie immédiate et charmante. En 11 albums, il a réussi à créer un personnage qui n'appartient qu'à lui, immédiatement reconnaissable. Nous avons eu la chance de lui poser quelques questions, au détour d'un chemin égaré, quelque part entre Paname et Pluton.

17/01/2010 >> accueil

- entretien réalisé par Mathilde de Beaune -

 

 

- LA MYTHOLOGIE FERSEN -


À l'origine, qu'y a-t-il dans la tête de Thomas Fersen ?

Thomas Fersen : Thomas Fersen, c'est une marmite dans laquelle bouillonnent plein de choses. Tout commence par la chanson paillarde : j'ai moins de souvenirs des berceuses que ma mère me chantait que des chansons cochonnes apprises à l'école communale. Une langue verte, vivante, colorée, fleurie, qui m'a séduit. J'ai eu envie de connaître ce répertoire et de faire mon intéressant auprès de mes petits camarades, à l'époque. Mais, en même temps, j'ai été initié à la chanson, à sa forme : des rimes, un couplet, un refrain, une chute, une morale. Une fausse morale... Cela constitue encore la forme de mes chansons, bien que je ne raconte plus d'histoires cochonnes... quoique ?

Ce personnage farfelu, votre écriture à double sens... tout cela a-t-il été nourri par votre enfance dans un quartier habité par de nombreuses personnes... différentes ?

Thomas Fersen : Nous habitions dans une cité, et un quota de logements était affecté à des familles dont un des membres avait un handicap physique ou mental. Ça nous impressionnait un peu, enfant, ces quelques "fous" parmi la grande population bigarrée de ce quartier populaire. J'ai raconté ça dans Le Pavillon Des Fous où j'évoque une vision démesurée d'enfant, ce que j'imaginais de ces personnages. En réalité, Le Pavillon Des Fous est un disque sur l'imagination.

Quels artistes vous ont influencé ?

Thomas Fersen : Les premiers disques que j'ai achetés sont ceux d'Ennio Morricone, parce que j'aimais le western : Il Était Une Fois Dans L'Ouest et surtout Il Était Une Fois La Révolution que je voyais dans un petit cinéma dont le bâtiment existe toujours rue Ménilmontant, le Ménil Palace, mais qui s'est transformé en épicerie depuis plusieurs années. À dix ans j'ai connu les Beatles, puis Neil Young et Led Zeppelin. En 1976-1977, j'ai découvert les Clash : j'avais 14 ans, c'était le groupe de ma génération, quelque chose qui m'appartenait. Un petit détour par la new wave, et puis une rupture : je suis revenu à des choses plus anciennes. J'ai cassé la chronologie en découvrant par exemple David Bowie dans les années 1980. Après, c'est le tour de Randy Newman, Tom Waits, Adam Green, plus récemment les Moldy Peaches... Parmi les francophones, j'ai découvert Jacques Brel et Barbara au début des années 1990, quand j'ai commencé à faire de la chanson. Aujourd'hui, j'écoute Loïc Lantoine, ainsi que les Têtes Raides, avec qui j'ai commencé à faire de la musique chez Warner.

D'où vient votre nom de scène ?

Thomas Fersen : Thomas Fersen est né de façon gratuite, en 1986. À cette époque là, j'avais 23 ans, je revenais d'un voyage en Amérique Centrale et je devais choisir un nom à coller sur les cassettes que j'envoyais aux maisons de production. Thomas était le prénom d'un joueur de foot mexicain de la coupe du monde en 1986 et Fersen m'a été soufflé mon père car il était en train de lire, j'imagine, la biographie de Marie-Antoinette par Zweig (je l'ai vu après dans sa bibliothèque). Ça m'a plu car je préparais à l'époque un voyage en Norvège et ce nom scandinave coïncidait avec mon intérêt de l'époque pour cette région. Ce personnage est devenu réel au fil du temps car je l'ai rempli d'éléments disparates, j'ai grandi avec lui. Aujourd'hui ce personnage a 23-24 ans, à peu près l'âge que j'avais quand il est né.

Que vous reste-t-il de vos années piano-bar ?

Thomas Fersen : Une conception du métier. Quand j'ai fait du piano-bar, j'ai eu la révélation de ce que c'était vraiment que d'être auteur-compositeur-interprète. Enfant, on s'imagine que c'est être une vedette, mais pas ce qu'il y a entre l'incognito et le succès : vedette ça arrive peut-être, malgré vous, mais ce n'est pas la base du métier. Auteur-compositeur-interprète, c'est un métier de service, on doit chanter pour que les gens dansent. Les gens ne faisaient pas attention à moi, mais moi je me sentais utile à jouer de la musique pour des gens qui s'embrassaient devant moi. J'étais émerveillé. J'ai commencé à interpréter mes chansons personnelles à ce moment là. Je n'essayais plus de faire du David Bowie à sa place, mais juste de créer une musique qui soutienne un moment de vie, un baiser. J'ai pensé la chose différemment, et c'est un apprentissage qui me sert encore.

Les couvertures de vos albums sont réalisés par des grands noms de la photo : Robert Doisneau pour Le Carnaval Des Oiseaux, Puis Jean-Baptiste Mondino à partir des Ronds De Carotte...

Thomas Fersen : J'ai connu Mondino en 1994, par hasard. Il fallait donner une suite à la pochette réalisée par Doisneau, on ne me proposait que des bancs publics, du « parisien », puisque c'est ainsi qu'on imagine Doisneau. Ça ne me convenait pas, ça m'enfermait. C'est Mondino qui m'a dit : « Tiens, je te verrais bien avec un lapin. » Ça a commencé comme ça et puis ça a continué jusqu'au dernier album.

À chaque fois c'est une fête car c'est un créateur, un visionnaire qui aime s'amuser. Nos intérêts culturels se croisent. Il est italien et connaît très bien le cinéma italien des années 1970, ce cinéma que mes parents m'emmenaient voir. Mondino et moi nous sommes retrouvés sur La Grand Bouffe ; il y a d'ailleurs fait référence sur la couverture de Pièce Montée Des Grands Jours. De façon spontanée, ces photos évoquent toujours le mythe, ce qui fait d'elles des images-miroirs universelles. D'où leur succès.

En 2006, un livre est paru sur vous chez Textuel : Un Poil Dans La Choucroute. Envisagez-vous de vous lancer dans l'écriture ?

Thomas Fersen : C'est un exercice auquel je ne me suis pas encore frotté, donc rien ne prouve que j'en sois capable. J'y pense en effet. J'ai eu beaucoup de plaisir à me baigner dans cet état d'esprit différent de celui de l'écriture des chansons. Vous savez, c'est comme les enfants qui ne veulent pas aller au bain, puis qui ne veulent pas en sortir. J'ai une espèce de réticence à me mettre au travail, puis une réticence à m'en extirper. Un jour, je ferai donc peut-être couler ce bain merveilleux, mais ce n'est pas sûr que cela donne quelque chose non plus ! Il faudrait que j'aie aussi un peu de temps devant moi, le temps de me laisser porter. Je ne sais pas faire autre chose pour l'instant que quelques chansons, à ma façon.

À une époque je me suis acheté un appareil photo car j'apprécie la photo en amateur, mais, très vite, je me suis rendu compte qu'il fallait toute une vie pour faire quelque chose dans lequel on se reconnaît vraiment. Quelque chose de pur, qui soit soi-même, qui ne puisse pas être fait par un autre. C'est ce que j'essaye de faire dans la chanson, mais seulement... je change ! On saura qui j'étais uniquement quand je serai mort.

À propos d'identité musicale, le ukulélé a pris une énorme place dans votre composition.

Thomas Fersen : L'instrument est là depuis 'Bijou', qui commence avec une intro au ukulélé soprano par Joseph Racaille. Nous avons enregistré le morceau, à New York, en janvier 1997 et j'ai eu l'occasion de m'en acheter un. Je l'avais toujours sur moi car il me permettait de m'échauffer la voix pour le soir. Je m'en servais peu sur scène mais lors de certains concerts, c'était moi qui faisais l'introduction de 'Bijou'.

Après la tournée du Pavillon Des Fous, qui était la deuxième grosse tournée logistique qu'on organisait, j'ai eu l'idée de faire un truc tout simple, avec deux ukulélés, par contraste et par désir d'aller ailleurs. On devait faire 12 ou 20 dates, on en a fait 80 ! Comme il n'y avait rien sur scène, je me suis laissé pousser la barbe. Durant le spectacle, je me servais peu de l'instrument, mais dès que je le sortais, c'était le moment où on prenait la photo : je ne voulais pas être ce mec au ukulélé, puis finalement je me suis laissé faire.

C'était aussi à l'époque où on me demandait de faire un Best-of. J'ai accepté, mais au lieu de mettre les versions originales, je me suis dit qu'il serait plus rigolo d'enregistrer les versions au ukulélé. C'est un instrument plus facile à jouer et à porter que la guitare : un vrai instrument de paresseux, qui a des périodes de succès et de rejet, avec son son un peu agaçant.

Votre nouveau spectacle s'appelle Mythologie. Est-ce un bilan, un résumé ?

Thomas Fersen : La somme des chansons qu'on écrit, de la prospection qu'on fait, constitue une mythologie, remplie d'idées essentielles parce qu'on y croit. Je n'ai pas fini de défricher et heureusement, car sinon je serais mort ! Je suis de plus en plus intéressé par les personnages mythologiques, qui appartiennent à tout le monde mais que chacun voit à sa façon. Ils sont mythologiques parce qu'ils cristallisent un comportement universel et personnel : Barbe-Bleue, Dracula, Billy The Kid... et pourquoi pas Thomas Fersen ?

Pourquoi la majorité des dates de cette tournée est-elle programmée dans des théâtres ?

Thomas Fersen : J'ai commencé par les théâtres. Puis, j'ai joué dans les clubs, les gros festivals... et je reviens au théâtre. Ensuite, je retournerai dans les clubs... et dans les grands festivals. Tous ces lieux sont différents et appellent un spectacle différent. On ne s'adresse pas de la même manière à un public dans un lieu où les gens sont assis que dans un club surchauffé, dans une salle qui résonne que dans une salle mate. Comme dans le piano-bar, on compose : là il faut donner dans le slow car il y a beaucoup de couples, ça commence à chauffer... Parfois il faut raconter plus, ou d'autres être plus dansant.

Depuis septembre, je compose des chansons pour le spectacle, que j'alternerai. Par exemple, je peux écrire douze chansons sur un thème et n'en jouer que trois. Ainsi les gens qui viennent n'auront jamais le même spectacle. Aujourd'hui, la surprise n'est plus dans l'écoute du disque, car les gens peuvent en entendre des extraits sur Internet. Autrefois, quand on écoutait un disque pour la première fois, on ne savait rien de lui : cette surprise, c'était bon ! (Bon, parfois la surprise, c'est que c'était mauvais...) Aujourd'hui, la surprise s'est déplacée sur scène et l'on sent que l'écoute est différente quand les gens découvrent les chansons. Il y a un silence qui se fait.

Et maintenant, où va Thomas Fersen ?

Thomas Fersen : J'ai écrit beaucoup de chansons, mais mon problème, qui est aussi celui des deux précédents albums, c'est que je suis un peu trop centré sur ma valise. J'ai beaucoup écrit sur un même sujet et je me méfie de ça. Quand j'ai commencé, mes thèmes partaient dans tous les sens, ce qui est, je pense, un défaut de jeunesse. Il y a des chansons qui n'aboutissaient pas, mais que je lâchais rarement. Les Cravates, par exemple, a mis du temps avant d'être enregistrée. La chanson m'usait !! Je n'y arrivais pas. Il fallait que je fasse d'autres chansons pour m'aérer, puis j'y revenais. En mûrissant, on a envie de se centrer, de dire « Regardez, je ne suis pas cette chose éclatée que tout le monde peut être, je suis ÇA. » Et puis on se rend compte que les gens regrettent l'éclatement premier : quand c'est trop resserré, ça sent un peu le renfermé, ça manque d'air. Donc j'ai décidé de prendre du temps pour me renouveler un peu.
22/01/2010

 

- LA MYTHOLOGIE THOMAS FERSEN -

 

 

 

 

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