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  Chute du Mur de Berlin : 20 ans déjà !
BERLIN 2009
et les cicatrices
de la réunification

 

 

-alors qu'est célébré le 20e anniversaire de la chute du Mur, Culturclub fait le point sur la situation d’une Allemagne tiraillée entre modernité et nostalgie

Enfin libres. Le 9 novembre 1989, le Mur de Berlin tombe sous les coups de milliers de Berlinois massés des deux côtés. En démolissant le dernier rempart qui sépare l’Allemagne de l’Est du “Monde libre”, les Mauerspechte (“piverts du Mur”) portent un coup à l’empire soviétique dont il ne se relèvera jamais. Mais derrière cette barrière de béton se cache un autre mur, invisible dans l’euphorie du moment, un “Mur dans les têtes”. Le 9 novembre 1989 naîssait l’espoir d’une Allemagne unie, capable de cicatriser la balafre qui l’avait défigurée durant 28 ans. Mais 20 ans plus tard, la plaie n’est toujours pas refermée...

05/10/2009 >> accueil

- par Marie BAUDLOT -

 

- Un peu d’histoire -

8 mai 1945. La Seconde Guerre mondiale s’achève, une autre s'engage : la Guerre froide. L’Allemagne, de même que sa capitale, est divisée en quatre zones d’occupation, administrées par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Quatre ans plus tard, les zones française, britannique et américaine deviennent la République Fédérale d’Allemagne (RFA), tandis que les soviétiques créent la République démocratique allemande (RDA). Sur l’échiquier allemand, avec pour centre Berlin, l’Est et l’Ouest s’affrontent dans une guerre idéologique acharnée.

Très vite, la RFA attire les habitants de la RDA, qui émigrent par milliers. Pour arrêter l’hémorragie, la RDA rend la frontière de plus en plus difficile à franchir, physiquement et administrativement... jusqu’au 13 août 1961 et la construction du Mur. Berlin-Ouest, entièrement encerclée par cette muraille de 155 km bordée de mines, devient une enclave occidentale au cœur de l’Allemagne de l’Est.

- Deux Allemagnes -

Alors que le futur président du Conseil d’Etat de la RDA, le communiste Erich Honecker, présente le Mur comme une « protection antifasciste », les Allemands de l’Est ne sont pas dupes. Une économie planifiée par Moscou est imposée à la RDA et l’échec est quasi immédiat. Production industrielle faible, investissements insuffisants, pénurie alimentaire, manque de main-d’œuvre, délabrement des bâtiments : l’effondrement économique et social est proche. Berlin-Ouest, de son côté, affiche une reconstruction bien plus rapide qu’à l’Est, une vie culturelle développée, et une réforme monétaire du Deutsche Mark (par opposition au Mark est-allemand) accompagnée de succès, même si les industriels, obligés d’exporter leur production au-delà de la RDA, ne sont pas nombreux à venir s’y implanter.

- Un vent de liberté -

Au printemps 1989, les Hongrois sont les premiers à déchirer le Rideau de fer séparant les Etats européens sous influence soviétiques et ceux dits occidentaux. Puis c’est au tour de la Pologne de s’émanciper de l’URSS. De plus en plus d’Allemands de l’Est rejoignent l’Ouest clandestinement et la contestation grandit… Dans la nuit du 9 au 10 novembre, le Mur de la honte n’a définitivement plus aucune emprise sur les citoyens de l’Est, qui se ruent de l’autre côté. Après 28 ans d’existence, le Mur tombe.

Rapidement, l’empire soviétique se délite en Europe : la Révolution de Velours, à Prague, met fin au communisme quelques jours seulement après la chute du Mur. La Roumanie se libère de Ceausescu la même année et les Etats baltes proclament leur indépendance en 1990.

- Des lendemains qui (dé)chantent -

Une centaine de Deutsche Mark de bienvenue en poche, les Allemands de l’Est se précipitent vers Berlin-Ouest dès le lendemain de la chute du Mur. Effusions de joie et accolades de retrouvailles cachent une appréhension naissante à l’Ouest. Comment gérer ce flot continu d’arrivants ? Comment unir ceux que tout a séparé durant quarante ans ?

Alors que le traité de Moscou est signé en 1990, rendant à l’Allemagne sa pleine souveraineté, RFA et RDA sont réunifiées sous la houlette du chancelier fédéral Helmut Kohl le 3 octobre de la même année, jour qui devient la fête nationale du pays. Une union politique, monétaire également, mais l’union culturelle et sociale se fait attendre… Tandis que les anciens Allemands de l’Est découvrent en chair et en os les stars de l’Ouest qu’ils contemplaient à la télé, ou achètent les vêtements dernier cri dont ils ont tant rêvé derrière le Mur, ceux de l’Ouest ne prêtent que peu d’intérêt aux vestiges de l’Est, mis à part la Stasi. Un sujet qui les passionne longtemps, tout comme la plupart des démocraties occidentales. Les mentalités ont du mal à évoluer et une dizaine d’années s’écouleront avant que les relations ne s’apaisent.

- Réajustement économique -

Au lendemain de la réunification, l’enjeu économique est clair. Il faut ramener l’ex-RDA, à bout de souffle, au niveau de sa sœur de l’ouest dont la situation avant 1990 est bonne : croissance continue depuis huit ans, faible taux de chômage. La RFA, elle, manque de matières premières, son endettement est colossal et son équipement technique laisse à désirer.

Un “boom post-réunification” booste le PIB de l’Allemagne deux ans durant, mais à partir de 1992, la situation se dégrade. Le chômage ronge les régions de l’Est et l’exode vers l’Ouest, ininterrompu depuis 1990, laisse les Länder de l’Est exsangues. Certaines villes perdent jusqu’à la moitié de leurs habitants. Finalement, outre Berlin et la Saxe – terre d’immigration pour la main-d’œuvre tchèque – l’Est ne parvient pas à retenir les Allemands. L’économie est-allemande peine à passer de la planification au libéralisme et supporte mal la concurrence des pays occidentaux.

Après une dégringolade du PIB (de 5,7 % en 1990 à -1,7 % en 1993) et une hausse du chômage, particulièrement forte dans l’Est, (de 5,6 % en 1991 à 9,8 % en 1997), la situation économique se stabilise à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Mais après avoir consacré quelque 1 400 milliards d’euros en vingt ans pour remettre l’Est à niveau, l’Allemagne affiche une croissance qui reste en dents de scie, variant de 0 à 2,8 % selon les années.

- Clivage -

Les Länder de l’Est connaissent ainsi des difficultés économiques majeures rapidement après la réunification. Usines fermées, hausse du taux de chômage, salaires inférieurs de 16 % à ceux de l’Ouest : la désillusion est violente. Ceux que l’on appelle – encore aujourd’hui – les Ossies (de l’Est), se sentent bernés. Mais les Wessies (de l’Ouest) ne sont pas en reste : l’unification les effraye, l’économie de leur ancienne Allemagne de l’Ouest risque-t-elle de sombrer à la faveur de la réunification ?

Un sondage de l’institut Forsa, publié dans le Berliner Zeitung, chiffre la déception des Allemands de l’Est. Au lendemain de la chute du Mur, 71 % des personnes interrogées en RDA pensaient que leur vie allait s’améliorer. Aujourd’hui, près de 20 ans plus tard, le même sondage (questions similaires sur un même échantillon) révèle que seuls 39 % des Allemands de l’Est estiment leur situation meilleure, tandis qu’un sur quatre pense que, dans sa région, la situation est pire qu’en 1989. Les Allemands de l’Ouest, également interrogés, pensent au contraire, à 72 %, que la situation de leurs concitoyens de l’Est s’est améliorée.

L’une des plus importantes associations caritatives d’ex-Allemagne de l’Est, Volkssolidarität, a également publié un sondage alarmant en juillet dernier, interrogeant les Ossies sur cette “ostalgie” (nostalgie de l’est) : 1 sur 10 souhaiterait le retour de l’ex-RDA. Parmi les sondés, 77 % se plaignent également de ne pas bénéficier des mêmes conditions de vie que les Allemands de l’Ouest.

- Un passé omniprésent -

La circulation d’est en ouest, sur des réseaux métropolitain, ferroviaire et de bus est modernisée dans les années 1990 et la division physique est définitivement enterrée. Toutefois, le tracé du Mur est soigneusement marqué par une double rangée de pavés et des plaques commémoratives au cœur de Berlin. De même, nombreux sont les bâtiments historiques, symboles de la RDA, à proximité de l’ancienne frontière, à être encore debout.

A Berlin, la division est encore omniprésente. Berlin-Ouest est parsemé de vastes espaces verts, son expansion démographique et économique ayant été freiné durant la division. Au contraire, Berlin-Est, ex-capitale de la RDA, abrite encore les barres d’immeubles répétitives, vitrine du socialisme de l’époque, bien que ces constructions soient petit à petit démolies. Depuis la chute du Mur, la capitale ne s’est pas encore totalement relevée et son développement économique est en dessous des espoirs, malgré les milliards d’euros investis.

C’est également à Berlin que les disparités entre ex-allemands de l’Est et de l’Ouest sont les plus marquantes : les emplois de basse qualification (balayage, entretien des toilettes, etc.) échoient le plus souvent aux allemands de l’Est et aux émigrés. Paradoxalement, alors que le quartier de Wedding, à l’ouest, accueille dans des logements sociaux les plus pauvres et les sans-emploi, de vieux immeubles du XIXe siècle dans l’Est de Berlin, devenu huppés, sont très prisés par la bourgeoisie berlinoise, souvent issue de l’Ouest.

- L’espoir -

Si le “Mur dans les têtes” n’a pas complètement disparu, nombre d’Allemands misent sur les jeunes générations. Celles qui n’ont pas connu le mur, celles qui pourront peut-être effacer cette fracture et recoudre la plaie. Déjà, les succès internationaux de films tels que Good Bye, Lenin ! (2003) ou La Vie des autres (2007) montrent une évolution des mentalités.

Réélue fin septembre dernier, Angela Merkel n’a pas seulement été la première femme à devenir chancelière en 2005 : c’est également la première Ossie à occuper ce poste. Un espoir pour tous ceux qui, venant de l’Est, se sentent toujours à l’écart, dans une Allemagne qu’ils jugent à deux vitesses.

D’un point de vue économique, Ulrich Blum, président de l’Institut économique de Halle (Saxe), estime qu’il faudra entre 30 et 40 ans pour atteindre un niveau de développement égal entre l’Ouest et l’Est. Malgré tout, l’Allemagne et ses 82 millions d’habitants, véritable cœur de l’Europe, reste la quatrième économie mondiale (classement 2008 du FMI par PIB en dollars). Et même si elle n’a pas totalement fini de se relever, l’Allemagne a déjà prouvé qu’elle avait pu surmonter l’une des pires crises politiques et humaines que l’histoire occidentale ait jamais connue.05/10/2009

- Berlin porte encore les stigmates d’un passé chargé d’histoire -

 

 

 

 

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