- par Céline TRIDON -
- De Dior à l’armée égyptienne - Oum Kalsoum, c’est aussi l’amour du peuple. Certes, elle avait tout de la diva, comme en témoignent les lunettes Dior en platine, ou la broche en forme de croissant de lune et sertie de 356 diamants… Mais Oum Kalsoum a toujours su rester fidèle à ses origines. N’ayant pas d’enfants, elle redistribuait sa fortune aux pauvres. Elle aimait son pays et voyait grandir en elle le désir de s’impliquer dans l’évolution de la société égyptienne. A la fois militante d’un certain féminisme et de l’unité panarabe, elle mettait sa notoriété au service d’idéaux personnels et publics. Il suffit de voir ce cliché où elle partage un fou rire avec les soldats égyptiens, ou son passeport diplomatique mis sous vitrine, sans oublier la vieille télé qui diffuse des chants patriotiques ou ces coupures de presse recouvrant des murs entiers pour se rendre compte que la diva bénéficiait d’une aura politique qui lui permettait d’endosser un rôle de représentante de son pays. Car la situation géopolitique des années 1950 n’est pas oubliée : une carte géante du Moyen-Orient est même dressée à plat. Que vient-elle montrer dans une exposition consacrée à une star orientale, sinon que son chant et son combat se répercutaient bien au-delà des seules frontières égyptiennes ? - Rossignol ou Pyramide d’éternité ? -La « Sett » (la « Dame »), la « Mère des Arabes », la « Quatrième pyramide », le « Rossignol du Caire », l’ « Astre de l’Orient » : Oum Kalsoum collectionne les surnoms et les superlatifs comme autant de preuves d’amour du monde arabe et du respect de l’occidental pour elle. Un amour qui s’est transformé, au fil des années, 33 ans après que près de 3 millions de personnes (formant un cortège d’environ 1,5 km,) l’aient accompagnée à sa dernière demeure, en un patrimoine inestimable pour les jeunes générations. De jeunes couturiers s’inspirent de ces costumes de scène, des chanteurs reprennent ses titres : Oum Kalsoum a aussi traversé les décennies. A essayer, cette curieuse installation : des sortes d’abat-jours transparents, sous lesquels le visiteur prend place pour écouter, comme dans une bulle, des chansons modernes à l’esprit « Kalsoum ». Sans oublier la série de portrait peints qui jalonnent l’exposition ou ces photos d’un sosie en robe rouge, saisi à la sortie du métro, dans un café ou au pied d’une statue à la gloire de l’armée égyptienne. C’est drôle, cette Oum Kalsoum à contre-emploi. Mais l’idée est là : la diva demeure un élément immanquable de la vie quotidienne arabe. - Pour finir, un tête-à-tête… -Au bout de deux heures et demie, le visiteur sort enrichi de la médina. En pensant rencontrer une chanteuse-star, il a découvert une personnalité aux multiples facettes. Il ne lui reste plus qu’à prendre le temps de s’intéresser attentivement à son répertoire. Alors pourquoi ne pas prendre place dans le café mauresque et se laisser bercer par cette voix hors du commun ? Ou retourner un peu plus loin dans l’exposition, s’installer confortablement dans le canapé crème du petit salon et écouter, à travers le poste de télévision, cette dame qui parle aussi bien qu’elle ne chante…31/08/2008
OUM KALSOUM, la quatrième pyramide Jusqu’au 2 novembre 2008
Institut du Monde Arabe
- la diva, dans sa loge, à Tunis -
Photo : © Farouk IBRAHIM
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