- par Céline TRIDON -
- et Carl Hoefert devient célèbre - La réalité, parlons-en justement. L’exposition se poursuit sur un autre projet de Richard Avedon des années 1980 : In The American West. Les modèles : des anonymes, tels qu’ils sont. Le monde réel. Sans strass ni paillette. Loin des photos de mode qui ont ouvert l’exposition, à quelques mètres de cette série de portraits The Family où sont encadrés 69 hommes et femmes de pouvoir et de politique. Dans In The American West, ils sont forains, dépeceur de serpent, serveuse, détenus, apiculteur… Toutes les photos de cette série ont été prises à la lumière du jour, en extérieur, en recherchant une ombre, sur un simple fond en papier blanc accroché au flanc d’un camion. Il ne fallait surtout pas laisser paraître leur environnement. Dans cette salle qui doit être la plus touchante de l’exposition, ce sont des regards francs, profonds qui n’ont rien de larmoyants malgré des destinées malheureuses qu’on devine aux légendes : Carl Hoefert croupier de black jack au chômage, Lyal Burn mineur de charbon, James Kimberlain SDF au physique d’acteur, Jesus Cervantes et Manuel Heredia des détenus balafrés au tatouage du christ sur leur poitrine… Des tranches de vie poignantes sans verser dans le pathos, à l’image de celles des ouvriers de gisements de pétrole. - Descente aux enfers ? -Car après avoir traversé les grandes salles blanches du Jeu de Paume, voyage au cœur de l’or noir. Au propre comme au figuré. Les photos sont accrochées dans une petite salle noire du sol au plafond et baignent toutes dans une lumière directe. Le contraste est éclatant et les visages salis des ouvriers toujours aussi déterminés. Loin de répondre à une mise en scène, l’installation conserve cet aspect pur, presque minimaliste. « J’ai posé une série de « non » : non aux jolies lumières, non aux compositions apparentes, non à la séduction des poses. Et tous ces non m’ont conduit à des « oui » : un fond blanc, un sujet qui m’intéresse et le courant qui passe entre lui et moi », expliquait le photographe. Oui, durant cette rétrospective, on partage ce « courant », du début à la fin, jusqu’à cette photo de Marguerite Duras, sous ses airs de petite fille espiègle qui joue avec sa jupe. Désormais, on en connaît davantage sur la psychologie de toutes ces personnes cernées par l’objectif. Encore mieux qu’une interview-vérité : le photographe-vérité 27/08/2008 Jusqu’au 21 septembre 2008 Du mercredi au vendredi de 12 h à 19 h, samedi et dimanche de 10 h à 19 h, mardi de 12 h à 21 h, fermeture le lundi Musée du Jeu de Paume 1 place de la Concorde – Paris 8e
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