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*RETROUVEZ TOUTES NOS MISES EN LIGNE
  LIÉES À JACQUES VERGÈSICI

Jacques vergès:

la face cachée de la Terre*

 

 

-une immersion dans l'antichambre
de l'Histoire contemporaine

Par un curieux hasard, c'est le jour anniversaire d'une des dates les plus symboliques de la Révolution Française, celle de la mort de Louis XVI mené à l'échafaud il y a 216 ans, que nous mettons en ligne ce dossier. Il se trouve que le célèbre Jacques Vergès est un grand admirateur de Robespierre. Redouté, détesté, adulé, médiatique, énigmatique, choquant, dérangeant… l’empêcheur de tourner en rond Vergès, avocat de profession depuis plus de cinquante ans, n’en finit plus d’intriguer et laisse rarement indifférent. Culturclub retrace les grandes lignes du destin de ce personnage digne d'un roman ni tout noir ni tout blanc.

21/01/2009 >>accueil

- par Quentin MERCIER & Gert-Peter BRUCH -

 


- cadre : Isabelle MILLARD, Gert-Peter BRUCH - montage : GP BRUCH -

 

 

- le barreau… pour sortir de la cage -

De retour en France, Jacques Vergès décroche son CAPA (Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat). Inscrit au Barreau de Paris, il rejoint un collectif d’avocats qui se fait bientôt le farouche défenseur du Front de Libération Nationale algérien (FLN). La stratégie de rupture* qu’il met au point à cette occasion, prétexte à son premier coup d’éclat, lui vaut rapidement une notoriété mondiale. Avocat des poseurs de bombes et militants condamnés à mort du FLN et notamment de Djamila Bouhired** - celle qui devient, avec sa contribution, une héroïne de la révolution algérienne - il parvient à mobiliser et retourner l’opinion publique internationale. Grâce à une campagne médiatique qu’il orchestre (déjà !) de main de maître, les peines de mort de Djamila et des autres condamnés à mort sont commuées en peines de travaux forcés à perpétuité. Ils seront tous libérés dès l’indépendance de l’Algérie, promulguée en 1962. En attendant, banni des prétoires par la France - suite à la publication d’une liste de « disparus » morts sous la torture - Vergès est en exil au Maroc. Il y rencontre de nombreux futurs dirigeants africains, dont un certain Nelson Mandela. Il revient en Algérie au moment de la proclamation de l’indépendance.

- un Robespierre international -

Le nouveau régime algérien en place, il devient un temps le chef de cabinet du ministre des affaires étrangères à Alger et prend la nationalité algérienne sous le nom de Jacques Mansour Vergès. Il fonde aussi, en 1963, la revue engagée Révolution Africaine, à laquelle collabore également Djamila Bouhired. C’est à cette occasion qu’il rencontre Mao Tsé-Toung et se rapproche du maoïsme, ce qui lui vaut d’être écarté par Ben Bella. Il revient donc en France et fonde une autre revue, Révolution - Afrique - Amérique Latine – Asie, qui lui donne l’occasion d’autres rencontres mémorables : Malcom X et Che Guevara, entre autres. Pour l'anecdote, ce dernier l’incite à mettre sa pipe au rebus en l’initiant au cigare.

La destitution du Président Ben Bella lui permet de rentrer en terre algérienne en 1965. Il s’est marié peu de temps auparavant avec la pasionaria Djamila Bouhired, avec laquelle il aura deux enfants. Toujours en 1965, il prend clairement position pour la cause palestinienne en assurant la défense de Mahmoud Hedjazi, le premier fedayin arrêté et condamné par Israël. Il est l'avocat, trois ans plus tard, de membres du FPLP qui viennent de faire entrer le monde dans le terrorisme moderne en attaquant un avion civil israëlien sur le tarmac de l'aéroport d'Athènes. Il réitère l'année suivante avec les assaillants de l'attaque de l'aéroport de Zurich.

Entre deux affaires de terrorisme, Vergès s’occupe d’affaires moins bruyantes et parfois ennuyeuses. Expulsé d’Israël alors qu’il est venu défendre un militant palestinien en attente de jugement, l’avocat militant, qui a déjà échappé à une tentative d’assassinat lors des procès du FLN, est de nouveau un homme à abattre, en raison de ses récentes prises de position. Est-ce pour cette raison qu’il disparaît mystérieusement après avoir été aperçu une dernière fois lors d’une réunion politique à la Mutualité de Paris ? Secret classé défense…

 

* La défense de rupture : c’est à l’occasion des procès du FLN que Jacques Vergès a l’opportunité de développer sa défense dite « de rupture ». Celle-ci met face à face l’accusation et l’accusé, établissant qu’aucun dialogue n’est possible entre les deux parties, démontrant que les points de vue des juges et de l’accusé sont fondamentalement incompatibles : les terroristes ne sont pas terroristes, mais résistants. Leur action n’est pas un acte visant à détruire, mais à se libérer. Le « boucher de Lyon » Barbie n’est pas un « monstre », simplement un homme qui a succombé à son côté sombre. Ainsi, l’avocat de la défense prend l’opinion à témoin, ce qui lui sert de relais, face à des juges qui ne sont, selon lui, pas à même de juger. 

** Djamila Bouhired, un symbole qui fait trembler la République : celle que l’on a érigé en symbole de la résistance algérienne – notamment grâce à son futur mari Jacques Vergès – n’a pas toujours été présentée comme cette femme droite, prête à tout et surtout à se sacrifier pour la cause. Du moins c’est ce que prétendent à l’époque certains hauts gradés français par le biais de témoignages destinés à la salir. S’il est établi qu’elle a bien fait partie du FLN et de sa branche active de combattants (c’est notamment son oncle, Mustafa Bouhired, qui hébergeait un laboratoire de fabrication de bombes), son sens du sacrifice a fait l’objet d’une polémique suite aux prétendues révélations du Capitaine Graziani, chargé de l’interroger. Ce dernier affirme au moment du procès : « trois paires de gifles, et Djamila Bouhired, la « Jeanne d’Arc » du FLN, m’a tout avoué, même ce que je ne lui demandais pas ». Graziani accuse même Djamila d’avoir dénoncé ses complices. Après avoir signé des aveux, elle se serait ensuite rétractée devant les juges, suivant les conseils de son avocat, Vergès lui intimant d’exposer que ses aveux avaient été obtenus sous la torture. Dans ce jeu de la vérité ou l’avocat affronte la République française toute entière, c’est cette seconde qui va plier. Sa tentative d’écorner l’image parfaite d’une femme symbolisant le combat pour l’indépendance de l’Algérie ne donnera pas les effets escomptés, bien au contraire. Au-delà de cette polémique oubliée par l’Histoire, Il n’en reste pas moins que le rôle de Djamila Bouhired en tant qu’activiste, mais surtout en tant que symbole, aura été prépondérant dans la résistance face à l’occupant français.

 

 

1 - djamila bouhired, héroïne de la révolution
algérienne et future épouse de j.vergès

2 - l'écho d'alger tente de discréditer djamila

 

 

 

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