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TINTIN, 80 ans
et plus en vogue que jamais

 

 

-Spielberg et Jackson prennent en main son destin et le futur Musée Hergé assure son immortalité

Le jeune reporter belge le plus connu de la bande dessinée a fêté ses 80 ans ce 10 janvier 2009. Accompagné de son fidèle compagnon à quatre pattes, Milou, Tintin a fait ses premiers pas dans les pages du supplément bruxellois du quotidien le XXe siècle, Le Petit Vingtième, le 10 janvier 1929. n'a jamais connu d'eclipse et Tintin ainsi que ses amis (Haddock, Tournesol, les Dupondt, la Castafiore) ont atteint le statut d'icônes. A quatre fois vingt printemps, le petit monde d'Hergé est en passe de conquérir l'univers avec un musée et un film hollywoodien. Retour sur l'épopée d'un héros immortel.

02/01/2009 >> accueil

- par Anne-Claire DUGAS et Gert-Peter BRUCH -

 

 

- les origines méconnues de Tintin -

Peu de gens le savent (à part les tintinophiles, bien sûr) mais Tintin, qui fête donc en fanfare son quatre-vingtième anniversaire peu de temps après celui de Mickey, a eu un « ancêtre ». Mickey, initialement nommé Mortimer par Walt Disney fut fortement inspiré d’Oswald le lapin, créé quelques années plutôt (rien à voir avec le chien) et ainsi Tintin fit suite à Totor, personnage créé par le jeune Georges Rémi alias Hergé pour le journal Le Boy-Scout Belge en 1926. Totor qui ressemblait donc à une ébauche du futur Tintin, lui céda la place après de courtes aventures tombées dans l’oubli.

On dit également qu’Hergé aurait été inspiré pour son personnage fétiche par Palle Huld, jeune danois qui réalisa un tour du monde en 1928, alors qu’il n’était âgé que de 15 ans. Pantalon de golf et casquette vissée sur la tête, il parcourut 32 500 kilomètres en quarante-quatre jours. Palle Huld, 96 ans aujourd’hui, ne se préoccupe pas de sa possible ressemblance avec le héros belge. Il précise même, comble de l’ironie, qu’il n’a « jamais lu de bandes dessinées » !

- succès mondial d’un jeune globe-trotter -

Contrairement à Palle Huld, nombre de lecteurs dans le monde ont suivi passionnément les aventures de Tintin et Milou aux quatre coins de la planète ; c’est désormais un classique du neuvième art, le personnage le plus célèbre et célébré du monde francophone. Traduit dans plus de quatre-vingts langues et dialectes (Iranien, Galicien, Hébreu, Arabe, Bengali, Bernoi, Breton, Latin, Coréen, Espéranto, Feroïen, Alsacien…), sa popularité est telle qu’un diptyque cinématographique se prépare sous la houlette de Steven Spielberg, détenteur des droits d’adaptation (le réalisateur de E.T. avait déjà fait part de son intérêt du vivant d'Hergé). Le premier volet devrait sortir en 2011. Ce projet colossal permettra peut-être à Tintin de se faire davantage connaître aux États-Unis qui n’ont pas été atteints par le virus tintinophile.

Le premier album de Tintin paraît en 1930. Tintin Au Pays Des Soviets (qui ne sera réédité que cinquante ans plus tard) marque le début d’un tour du monde en bandes dessinées qui verra le héros visiter tour à tour la Russie, le Congo, les États-Unis, l’Égypte, le Moyen-Orient, la Chine, l’Amérique du Sud, l’Écosse, la Syldavie (pays fictif d'influence slave), l’Afrique du Nord, le Pérou, les Émirats arabes, le Tibet et même la Lune !

- Quand Tintin devint le roi Midas -

Qui dit succès et le sien est gigantesque, dit forcément business. Dès le début des années 1940 Hergé, face au succès toujours croissant et à la refonte en couleurs de ses onze premiers albums, se voit obligé de faire appel à d'autres dessinateurs pour alléger sa masse de travail et satisfaire son goût avéré pour la précision et l'exactitude. C'est Edgar Pierre Jacobs lui-même qui le rejoint le premier. Il quittera l'aventure quelques années plus tard pour se consacrer aux aventures de Blake et Mortimer. Sa venue auprès du créateur de Tintin a cependant donné l'impulsion nécessaire pour créer les fameux studios Hergé avec Bob De moor, Jacques Martin et beaucoup d'autres. Tintin peut désormais faire face aux demandes et devenir également une vraie star du merchandising.

Hergé n'est plus et c'est la société Moulinsart, dirigée par le charismatique Nick Rodwell (époux de Fanny, la veuve d'Hergé) qui gère désormais une entreprise Tintin qui s’avère toujours très lucrative. Un véritable miracle si l'on prend en compte le fait qu'aucun nouvel album de Tintin n'a paru depuis la disparition du maître (s'était paraît-il son souhait). Les vingt-trois parus totalisent 230 millions d'exemplaires dont un bon tiers en langues étrangères. On ne compte pas les figurines, les jeux, les timbres et tant d’autres produits dérivés. Il y a aussi les dessins animés (ceux de Belvision dans les années 1960 et d'Ellipse dans les années 1990 ainsi que Tintin Et Le Lac Aux Requins au cinéma), et déjà quelques adaptations charmantes (Tintin Et Le Mystère De La Toison D’Or en 1961 et Tintin Et Les Oranges Bleues en 1964). Tout cela contribue à garder vivant Tintin et sa "famille" dans la mémoire collective. Pour être tout à fait complet il faudrait ajouter que Hergé est la cible d'un véritable culte depuis sa disparition et que près d'une centaine d'ouvrages lui ont été consacré.

Contrairement à de nombreux dessinateurs comme Morris (Lucky Luke) ou encore tout récemment Uderzo, qui vient d’autoriser la pérennisation d’Astérix après sa mort, Hergé s'est opposé de façon orale (dans une interview accordée à numa Sadoul) que Tintin continue sans lui. Ils sont donc morts tous les deux le 3 mars 1983. Mais Tintin n’est pas la seule victime. Même s’il reste LE personnage d’Hergé, Georges Rémi lui a fait des infidélités en créant d’autres personnages. Ils ont évolué plus discrètement dans l’univers des amateurs de bande dessinée. Ainsi Quick et Flupke et Jo, Zette et Jocko sont eux-aussi orphelins.

 

1 - le tout premier tintin, en 1929

2 - tintin et son "papa", l'illustre Hergé

 

 

 

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