- Mercredi 11 juin 2008, 20h55 -

Sept ans qu’on l’attendait ! Ce soir, c’est le grand soir ! Oui, ce soir, c’est le premier des deux concerts parisiens de la dernière tournée de Manu Chao, le très annoncé Tombola Tour (tiré de la chanson La Vida Tombola, en hommage à Maradona)… Un retour pareil, ça vous remue la tête. C’est un peu comme si on se préparait pour un voyage hors de nos bases arrière, un grand départ, une virée lointaine sans billet retour…

Retardé par un sempiternel embouteillage sur fond de mouvement social, je gare péniblement mon véhicule, dans un mélange d’excitation et de tension. Rapidement, je me glisse dans une colonne de jeunes gens qui se dirigent d’un pas amusé vers le POPB (oui, ça fait plus « chébran » que « Palais Omnisport de Paris Bercy »). L’air est devenu électrique. Les échanges sont amicaux, le tutoiement est de rigueur et la jeune faune qui s’assemble autour de la salle de concert est bon enfant. Le look « altermondialiste » est de rigueur et les t-shirt pacifistes sont de sortie. Les belles ont le sourire et les « dreads locks » au vent. Les beaux ont les yeux rougis par l’excitation et les quelques bières goulument avalées… Nous y voilà ! Nous avons franchi le quai d’embarquement dûment muni de notre précieux sésame et pénétré dans le grand temple de la musique. Déjà les murs commencent à vibrer sous les coups d’une ligne de basse persistante. J’y suis, j’y reste, plus possibilité de rebrousser chemin ! arène est plongée dans une l’obscurité grouillante. Je touche du bout des doigts un mur qui me guidera vers le puits de lumière qui s’anime en contrebas. La scène est décorée de guirlandes jaunes et rouge façon petit village animé de la cordillère des Andes…

- “Que pasa por la calle ?” -

Je n’ai pas le temps de trouver l’accès à la fosse que Manu Chao et son groupe Radio Bamba entrent en scène sous les hurlements des 17.000 fans réunis dans le chaudron de Bercy. Le short mi-long, la chemise verte ouverte jusqu'au ventre, la guitare bien armée, la casquette « Castriste » vissée sur la tête, Manu Chao – un sourire persistant - empoigne un micro qu’il ne lâchera plus de tout le spectacle : il assène sans répit ses chansons les plus connues : ‘Clandestino’, ‘Rainin In Paradise’, ‘Me llaman Calle’, ‘Esperanza’, La ‘Vida Tombola’ et bon nombre de chansons tirées du répertoire de la Mano Negra…

- La dangereuse jungle de Manu chao -

Chao et ses 6 musiciens (basse, guitares, synthé, percussions, batterie, cuivres) masculins nous balancent leurs chansons en pleine figure. Le jeu est rythmé, puissant, métis, saccadé, énergisant. Le rythme est envoutant et une forêt inextricable de poings et de mains agitées se lève spontanément vers les artistes. Cette jungle dangereuse, animé par une tornade musicale dévastatrice perdurera, infatigablement, jusqu’à la dernière note. Moins courageux, les spectateurs agglutinés sur les escaliers et les coursives de Bercy dansent eux-aussi furieusement, tendus vers une scène qui rayonne d’une belle lumière estivale. Saturée, la fosse est inaccessible et je me plante donc au beau milieu d’une descente d’escalier encombrée de fans hystériques… C’est un peu l’été avant l’heure, un été dans les Caraïbes  où la foule est en symbiose avec son leader charismatique…