Infos et agenda

 

Romans, littérature, biographies,

essais...

 

Les ouvrages illustrés

 

Rencontres et interviews

 

Dossiers et reportages

 

La page des livres et revues épuisées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




































 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




















 

 













































































































































































 

 

 

 

Entretien Filmé

- ÉRIC-EMMANUEL schmitt -

Concerto À La Mémoire D'Un Ange - Albin Michel

 

- Interview, cadre, : Gert-Peter BRUCH - Montage : Julie COUTURIER -

 

2/3: 'QUATRE MOUVEMENTS POUR UN CONCERTO'

- par Gert-Peter BRUCH -

Cette seconde vidéo est un voyage dans chacune des quatre nouvelles qui constituent Concerto À La Mémoire D'Un Ange : L'Empoisonneuse, l'histoire d'une mante religieuse qui tombe amoureuse... d'un abbé ; Le Retour, celle d'un mécano qui apprend sur le cargo qui le ramène au port la mort de l'une de ses filles ; Concerto À La Mémoire D'Un Ange, une douloureuse et troublante histoire de jalousie, de vengeance et de rédemption ; Un Amour À L'Élysée, le cheminement d'une femme amoureuse délaissée par un mari monopolisé par le pouvoir et ses nombreuses maîtresses.

 

INTERVIEW

>> TEXTE INTÉGRAL <<

**

2 - LIGNE CLAIRE

Un petit mot sur Tintin que vous avez comme compagnon pour cette interview.

Tintin ? C'est une passion d'enfant et encore d'adulte (rire). Je crois que moi aussi j'essaye d'écrire avec une ligne claire, de présenter clairement ce qui est incompréhensible, parfois même le mystère. Je crois qu'il en est resté quelque chose, en tout cas je l'espère.

La ressemblance est là en effet, je suis tout à fait d'accord. Vous avez une bonne analyse de votre écriture. Je l'aurais également relié à la ligne claire.

Oui, vraiment, je me sens dans ce trajet-là qui consiste à offrir extrême lisibilité, une extrême clarté pour pouvoir approcher l'incompréhensible, le mystère, cette espèce de précision qui n'est donc pas de la confusion.

Vous restez lecteur de bande dessinée ?

De manière occasionnelle. Je ne suis pas un grand lecteur, mais heureusement j'ai beaucoup d'amis qui sont fous de bd et me font donc découvrir des choses. Je vais vers la bd par amitié, pas de façon spontanée.

Pouvez-vous me dire quelle est la dernière bd que vous avez aimé ?

Je viens de relire les albums de Tardi à cause de la sortie du film. Je les avais lu il y a vingt ans et j'avais déjà aimé. C'est peut être encore davantage le cas aujourd'hui.

Les albums sont excellents, je les préfère au film personnellement. Avez-vous eu l'occasion de voir Les Aventures EXtraordinaires D'Adèle Blanc-Sec au cinéma ?

J'ai vu le film et ne l'ai pas trouvé inintéressant du tout. Il (Luc Besson) recrée quand même un univers constitué, lui aussi, de lignes claires ; il n'emploie que des grandes focales et la comédienne principale (Ndlr : Louise Bourgoin) a une belle énergie. J'ai trouvé que c'était un pur divertissement, mais au moins différent des autres. J'ai aimé cette originalité, inhérente à la fidélité à Tardi, qui apporte quelque chose au cinéma. Au fond, ce qui m'a vraiment plu c'est d'avoir vu Tardi à l'écran et peut être pas de regarder un film de Luc Besson, bien que ce soit lui qui l'ait réalisé (rire).

Il est vrai que transposer Tardi à l'écran est un challenge difficile. On revient à votre livre. La dernière nouvelle, Un Amour À L'Élysée, est réellement savoureuse.

Ce décor de l'Élysée était terrible car il prenait trop de place. J'ai dû travailler plusieurs fois cette histoire pour me concentrer sur l'essentiel : l'histoire d'une femme qui approche cinquante ans et est toujours, au fond, amoureuse de son mari. Il se trouve que celui-ci est Président de la République et qu'elle est donc première Dame. Elle sent cependant qu'elle n'a plus de place dans la vie de son mari, dévoué à la politique et à ses maîtresses. Il est habitué à sa présence parce qu'elle est parfaite. Elle n'en peux plus de cette perfection et va ruer dans les brancards, révéler à cet homme tout ce qu'elle sait, passant de l'amour à la haine. Ceci faisant, elle préserve la passion car, dans le fond, elle est obsédée par cette homme autour duquel toute sa vie s'organise.

Un Amour À L'Elysée est l'histoire de la grande passion de cette femme. Pour lui, la situation est plus complexe. Je pense que ma nouvelle raconte surtout notre histoire à tous : souvent, on ne vit pas les histoires d'amour dans les mêmes couloirs du temps. Au début on est ensemble, forcément, c'est ce qui créé la rencontre. Puis, chacun emprunte des couloirs du temps séparés. La passion, le désamour ne sont pas vécus obligatoirement au même moment. On attend pas forcément les mêmes choses. Nous vivons prétendument le même présent mais celui-ci diffère au niveau de l'affectif et de l'amour. C'est de celal dont souffrent les deux personnages. Ils sont au fond très amoureux l'un de l'autre mais se sont égarés dans les couloirs du temps. Vont entrer en scène la maladie, la mort, l'écriture, qui vont leur permettre de se rejoindre.

Les lecteurs ne doivent pas faire l'amalgame avec Nicolas Sarkozy et Carla, cela n'a rien avoir. Par contre, une partie de cette histoire m'a plutôt fait penser à Nicolas et Cécilia, à l'espèce de contrat qui semblait les lier au moment de l'accession au pouvoir. Il y a notamment ce moment vu par tous lors de l'intronisation, durant lequel son épouse Cécilia a eu un mouvement de recul lorsque Nicolas Sarkozy lui a touché la joue.

Oui, parce qu'il y a des femmes qui aiment l'homme pour lui-même et non pas forcément pour le pouvoir. Vous pensez à Cécilia Sarkozy, on peut sans doute penser également à Claude Pompidou qui était très malheureuse à l'Elysée et furieuse que son mari soit devenu Président de la République. Elle n'a jamais voulu retourner à l'Elysée, lieu de sa mort et de son agonie. Certaines femmes regrettent d'avoir un mari qui appartient au pouvoir, leur plus grande rivale.

Il y a d'ailleurs un petit clin d'œil à Claude Pompidou dans la nouvelle, mais on ne va pas le dévoiler (rire).

C'est une femme qui me touchait beaucoup dans son honnêteté, dans son discours précis sur le fait d'avoir épousé un homme diplomé de normale sup, agrégé de lettre, un homme brillant et littéraire dont elle était amoureuse. Elle est devenue la compagne d'un personnage politique, sincère, authentiquement engagé mais voilà, ce n'érait pas cet homme-là qu'elle avait épousé.

Puisqu'on en parlait tout à l'heure, on a pu voir avec amusement un petit caméo de Tardi dans le film de Luc Besson. Vous vous êtes prêté à ce jeu dans cette nouvelle ou bien j'ai mal interprété ?

Oui, c'est vrai (rire). À un certain moment, la première Dame annonce à son mari qu'elle va au théâtre. Il lui demande ce qu'elle va voir et elle lui répond « je vais voir une pièce de Schmitt. C'est la première ce soir. » Son mari lui demande si la représentation est importante, la première Dame lui répond : « pour les gens qui aiment le théâtre, oui. Pour les autres non » (rire). J'ai toujours remarqué ça : le public de théâtre est un public passionné. Il n'y a rien de plus important pour lui que tel comédien montant sur scène, tel auteur faisant une nouvelle pièce, tel metteur en scène illustrant un texte etc... Pour les autres, tout cela n'a aucune importance, cela n'existe pas. C'est un peu le propre de toutes les passions.

Est-ce important pour vous de voir une pièce lors de sa première ?

Ah non ! J'aime autant ne pas être présent le jour de la première. Je préfère être avec le public. Je n'aimes pas ces endroits que l'on appelle souvent "les salles carnivores", où tous vos "amis" carnivores attendent juste que vous tombiez (rire). Ce sont des représentations très dures, il ne s'agit plus de théâtre, mais de mondanités, de l'esprit du moment... Pour ma part, j'aime aller voir les pièces avec le public quand les acteurs ont déjà quelques représentations dans les "pattes". ils sont alors plus à l'aise.

Pour en revenir à cette dernière nouvelle, il y a notamment un passage qui me fait penser à l'attentat de l'Observatoire. C'est intéressant que vous ayiez puisé un peu partout.

Oui, j'ai essayé de prendre la vie de plusieurs Présidents de la République et premières Dames pour créer mes personnages. Il n'y a pas de clef unique pour comprendre l'histoire, mais de nombreuses allusions.

Ainsi, votre histoire bénéficie-t-elle d'une crédibilité supplémentaire.

Voilà, c'est ça ! L'histoire nous devient familière parce qu'elle rappelle de nombreux événements. Bien entendu, elle passe son temps à ricocher sur des faits et personnages historiques et c'est assez amusant de faire cela dans le cadre d'une fiction. Il était à mon avis impossible d'agir autrement. Construire un Président de la République et une première Dame à partir de figures existantes était essentiel, sinon personne ne les aurait reconnu.

Une autre caractéristique agréable de votre livre est la non datation des événements. L'hélicoptère nous indique une période postérieure aux années 1950 mais on ne sait rien de plus.

Oui; mais il n'est facile de situer les événements dans le temps dans aucune de mes nouvelles, car en fait j'en ignore moi même la date ! Et puis je trouve en plus embêtant de dater les choses avec les objets techniques. Prenons exemple avec la musique. Depuis trente ans les supports pour écouter de la musique ont changé constamment. Je préfère donc "appareil à musique" plutôt que ipod, cd, électrophone, gramophone, car rien de tout cela n'a de sens. Ce qui compte pour moi c'est l'essentiel, c'est à dire les sentiments, la psychologie des personnages. Au fond ce qui ne se démode pas.

 

>> INFOS SUR L'OUVRAGE

DÉCOUVREZ UN AUTRE ENTRETIEN FILMÉ
DE ÉRIC-EMMANUEL SCHMITTICI

Éric-Emmanuel SCHMITT
concertiste des causes perdues

 

 

-après un passage par la case cinéma, l'écrivain nous revient très en forme avec Concerto À La Mémoire D'Un Ange, dont il nous dévoile les secrets

Nous retrouvons donc Éric-Emmanuel Schmitt un an après notre précédent entretien, autour, cette fois-ci, d'un savoureux livre de nouvelles (il n'aime pas le mot recueil): Concerto À La Mémoire D'Un Ange. L'occasion également d'évoquer ses récentes ou prochaines incursions dans les domaines du cinéma et du théâtre. Car l'auteur à (grand) succès est devenu un inconditionnel du septième art depuis les succès à l'écran de deux de ses romans, adaptés et mis en scène par ses soins : Odette Toulemonde (2007) et plus récemment le bouleversant Oscar Et La Dame Rose (2009), avec Michèle Laroque dans le rôle principal. Sur les planches, il met en scène Natacha Amal dans une interprétation unique de la terrible Milady de Winter, méchante attitrée du roman de Dumas, Les Trois Mousquetaires. Avec Milady, Éric-Emmanuel Schmitt va prendre à contre-courant les spectacles de cape et d'épée dans une œuvre plus féminine, centrée sur un personnage cruel mais inscrit dans une société qui l'est tout autant. Les représentations sont prévues du 14 juillet au 7 août 2010 à l'Abbaye de Villers-la-Ville (Belgique). En attendant, CulturClub vous convie à une exploration passionnante, avec l'auteur pour guide, d'un livre qui vient tout juste de recevoir le prix Goncourt de la nouvelle.

06/05/2010 >> accueil
        

 

Archives

 

©CULTURCLUB.COM - Toute reproduction strictement interdite sans accord