-David Carr-Brown et Fabrizio Calvi
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12/02/2010 | >> ACCUEIL |
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- entretien réalisé par Gert-Peter BRUCH & Mina MÉJANI -
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Extrait Vidéo : FBI, ep. 4
- AMERICAN PSYCHO -
sur France 5, dimanche 7 mars 2010 à 21h30
un film de DAVID CARR-BROWN

Un extrait qui se concentre sur les affaires non résolues, les fameux "Cold Case", et se conclut par une intervention d'Edgar G. Hoover, figure historique du Bureau.

Vous avez œuvré sur cette série en duo. De quelle façon votre travail s’est-il complété ?
Fabrizio Calvi: Il faut déjà dire que la recherche et les interviews sont communes.
David Carr-Brown: Oui, on a fait tout ceci en commun, en dialoguant beaucoup. Ensuite, il nous a fallu décider quelles étaient les histoires les plus importantes et faire des choix. Nous avons alors dressé une liste pour chercher les agents et directeurs concernés.
Fabrizio Calvi: On a constitué une sorte de Bible, qui devait faire 300 pages au départ, puis on a travaillé par chronologie. Avant d’aller voir les agents, on a fait une espèce de questionnaire type à poser à chaque agent : quand a-t-il intégré le bureau ? Quelles étaient ses motivations ? Puis on rentrait dans l’histoire de chaque agent. On a avancé simultanément sur le film et le livre et c’était assez amusant parce qu’en progressant de manière parallèle, l’un résolvait parfois les problèmes que l’autre posait. Je dois avouer que c’était un casse-tête supplémentaire pour David…
David Carr-Brown: J’étais limité parce que le film devait être très synthétique.
Fabrizio Calvi: Alors que le livre fait 800 pages.
David Carr-Brown: De mon côté, je devais faire des choix et c’était abominable. Cela rendait le film extrêmement compliqué à réaliser. J’avais peur par exemple que Copyright FBI soit trop simplet, mais je me rends compte qu’il est finalement assez dense.
Fabrizio Calvi: La difficulté a été de devoir se couper des bras et des jambes. On a recueilli des témoignages extraordinaires sur la Seconde Guerre mondiale, sur les agents en Amérique latine... Ils sont dans le livre, ils sont longtemps restés dans le film, il y avait même une séquence beaucoup plus longue avec Kennedy…
David Carr-Brown: Il y avait 26 minutes sur son assassinat.
Fabrizio Calvi: De même sur la criminalité organisée : nous avions choisi de garder une histoire extraordinaire, que vous découvrirez dans le livre, celle de 200 agents du FBI passés à la clandestinité pour commettre des délits, des attaques à main armée, faire du trafic de drogue. Cette histoire a longtemps été au cœur du film, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que c’était elle, précisément, qui faisait que cela ne fonctionnait pas. Nous avons donc dû y renoncer.
David Carr-Brown: Il y a un problème de format. Il nous faut rentrer dans un 52 minutes.
On sent qu’il y a d'ailleurs de nombreux "52 mn" potentiels derrière ces histoires, comme celle des nazis quiveulent entrer sur le territoire américain.
David Carr-Brown: Oui. On a eu une séquence de 30 minutes là-dessus, avec tout ce qui s'est passé en Amérique du Sud.
Fabrizio Calvi: On y parle des agents basés en Amérique du Sud, de ceux qui opèrent aux États-Unis, et même de l’agent au cœur de cette histoire de débarquement, qui participe à cette opération de propagande. En outre, on a découvert que le FBI avait retourné un agent allemand, Dieudonné Costes, un pilote français très célèbre (surnommé le Lindbergh français). On a eu toute son histoire par son agent traitant. Il y a eu un procès : iil a été condamné pour trahison avec l’ennemi. Cette histoire extraordinaire avait donc été intégrée, mais cela ne rentrait pas dans le mouvement de l’histoire... alors que dans le livre, c’est beaucoup plus facile à insérer. Les deux produits sont donc totalement complémentaires et fonctionnent l’un avec l’autre. Paradoxalement, David est arrivé à faire une synthèse où les films entraînent énormément de réflexion ; le livre amène de son côté beaucoup d’action, alors que ça devrait être le contraire.
David Carr-Brown: Et puis le livre satisfait la curiosité provoquée par le film.
Fabrizio Calvi: Les deux marchent ensemble. Ça a été conçu comme ça.
Vous venez de passer trois ans sur ce projet. S’il fonctionne auprès du public, qu’il y a un vrai désir de connaître ces histoires inexploitées, seriez-vous partant pour les développer ?
David Carr-Brown: Oui, certaines vaudraient la peine d’être décortiquées.
Fabrizio Calvi: C’est vrai qu’on est très frustré sur Martin Luther King, sur Kennedy... Cette énorme frustration vient du fait qu’on a le matériel. En fait, c’était un véritable piège : quand on manque de contenu c’est épouvantable, mais quand on trop de matériel c’est tout autant accablant.
Avez-vous réussi à trouver des éléments complémentaires de tout ce qui a déjà été dit sur Kennedy ?
David Carr-Brown: Sur cette affaire on a eu des témoins directs qui disent la vérité : « il y a eu trois balles, ils sont passés par là », etc... Ils ne disent que ce qu’ils savent, donc au moins on sait que c’est vrai.
Fabrizio Calvi: L’affaire Kennedy est un cas d’école pour nous. On a deux agents. Un auquel on a dû renoncer tout de suite : celui qui s’occupait de Lee Harvey Oswald. Il avait compris qu’il se passait quelque chose et avait mené toute l’enquête, même sur Jack Ruby... avant d’être réprimé par John Edgar Hoover (on a retenu la brimade). L’autre agent est celui qui participe à l’autopsie, qui voit et qui raconte les manipulations ayant eu lieu autour de la table durant la procédure. Si l’on pousse le discours de chacun des deux agents jusqu’au bout, on arrive à la conclusion qu’il y a eu un complot. Mais quand on leur demande si c’est le cas, ils nous répondent qu’il n’y a pas eu de conspiration.
David Carr-Brown: Ils disent plutôt « Oswald l’a tué seul. »
Fabrizio Calvi: Oui. David pense que c’est parce qu’ils sont formatés comme ça. Moi je pense que s’ils reconnaissent l’existence d’un complot, c’est toute leur existence qui s’effondre. Et tout ce pour quoi ils ont combattu n’existe plus. Même chose sur le 11 septembre.
David Carr-Brown: Alors qu’ils démontrent par A + B qu’il y a bien eu quelque chose.



