Après nous être concentrés sur l'aspect purement musical dans la première partie de ce reportage / portrait dédié au violoniste Daniel Hope, nous vous invitons maintenant à découvrir les débuts d'un parcours placé sous le signe du destin. Des grands--parents exilés en Afrique du Sud pour cause de chasse aux juifs en Allemagne, un père forcé à l'exil pour cause de pamphlets anti-Apartheid, une mère qui devient secrétaire de Sir Yehudi Menuhin, l'un des violons du XXème siècle : de quoi donner vie à une personnalité peu commune... et à un talent exceptionnel.

Depuis sa création au milieu du XVIe siècle par Andrea Amati, le violon moderne a vécu une histoire extraordinaire et mouvementée. C’est sans doute pendant la période baroque que l’instrument connaît son plus grand développement, alors que violonistes et compositeurs, en un sens libérés de l’austérité et des limitations imposées par le contrepoint de la Renaissance, se lancent dans un voyage musical et géographique pour découvrir des moyens plus originaux et plus extravagants de s’exprimer sur ce nouvel instrument fascinant.

Air tente de retracer l’un de ces voyages baroques. L’album raconte l’histoire de quatre compositeurs remarquables : trois virtuoses du violon et un luthiste. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Italiens Falconieri, Matteis et Geminiani, et l’Allemand Westhoff parcoururent l’Europe en quête d’inspiration musicale et d’échanges féconds ; leur musique et leur façon de jouer intriguèrent et ravirent au même titre rois, musiciens et public.

Outre les oeuvres de ces quatre compositeurs, l’album propose d’autres exemples de la musique de l’époque afin de montrer le métissage culturel qui s’effectuait, souvent de manière intuitive, entre les esprits musicaux de différents horizons. Certains de ces compositeurs furent directement influencés par ce qu’ils entendaient, que ce soit Geminiani par Haendel, Bach par Westhoff, ou Matteis par la musique folklorique qu’il rencontra au cours de ses voyages dans les îles Britanniques.

Le but de cet album est de mettre en lumière l’immense diversité de la musique à l’ère baroque. Les formes les plus simples, voire les plus primitives de la musique de danse y voisinent avec les compositions les plus sophistiquées et révolutionnaires de l’époque. Le tout est couronné par une oeuvre de Bach – le grand maître, dont le titre m’a servi d’inspiration pour cet album et dont la musique demeure pour moi plus moderne que celle de quiconque.

DANIEL HOPE