Vous en avez tous (ou presque) entendu parler au début du mois de septembre à la télévision, la radio, internet ou par le bouche-à-oreille. Pour certains, vous vous êtes même inscrits sur le site internet de la RATP pour savoir où se tiendrait ce quadruple évènement, véritable coup médiatique et artistique de la rentrée musicale. Il s’agit bien évidemment des concerts-promo du maître du "Blufunk" Keziah Jones dans les couloirs du métro parisien.

- métro, boulot, live show -

Jeudi 4 septembre 2008, Paris-Montparnasse, 13h30. La rentrée fraichement débarquée, les couloirs du métro parisien ont délaissé le court et relatif calme de la saison estivale pour laisser place au tumulte et au bruit d’une foule hyperactive. Ça cherche son chemin, ça presse le pas, ça court, ça se faufile, ça se bouscule, ça évite la vieille dame de peu et puis ça saute de justesse dans le wagon qui les mènera, si tout va bien, à bon port. Pour beaucoup, simple pain quotidien. Mais aujourd’hui flottent dans l’air des vapeurs de fête, de musique et d’excitation. Serait-ce le bonheur de retrouver la route du travail ? Pas vraiment... Pour en connaître la raison, rien de plus simple : suivre la foule qui se presse aux portillons (grands ouverts et encadrés par des agents de la RATP) de la station de métro Montparnasse. Une fois ceux-ci passés, une simple virevolte sur la droite et me voilà nez-à-nez avec une petite scène sobrement décorée, surplombée sur le mur de derrière par un panneau de fer représentant une partition de musique.

Quelques caisses de matériel scénique, des enceintes, une console remplie de boutons et un monsieur en noir derrière elle pour jouer avec. Pas besoin d’être Colombo pour deviner ce qui se trame là-dessous. Déjà une petite foule, quoiqu’assez conséquente par rapport à l’espace disponible, se tasse gentiment le long des barrières (ou plutôt des cordons !) sensées délimiter la scène. Mais qui donc vient jouer ici pour qu’une telle bousculade se crée ? Il y a pourtant bien moins de curieux quand les deux petits péruviens viennent jouer quelques airs de flûte de pan ! Une seule solution, poser la question à ma voisine au sourire figé et aux yeux pétillants : « C’est Keziah Jones qui joue pour la promo de son nouveau disque !!! » Mais c’est bien sûr, suis-je bête !? Cinq ans après son dernier album, Black Orpheus, le voilà de retour avec Nigerian Wood ! Et rien de telle qu’une petite promo sur les lieux de ses débuts d’artiste pour faire parler de soi. Surtout quand ces lieux se trouvent être de banals, mais pourtant insolites, couloirs de métro. Et quand l’artiste en question se révèle être ce virtuose du rythme qu’est Keziah Jones, on ne peut qu'avoir le sourire aux lèvres.

- rythm is life -

Evidemment, je vous fais marcher lorsque je feins de me trouver par hasard sur les lieux de ce concert exceptionnel, Ô combien original mais pas tout à fait unique, puisque troisième sur une série de quatre. Nul doute cependant que parmi les badauds qui se tassent à mes côtés, certains passaient innocemment dans le coin avant d’être attirés par la musique et l’excitation de la foule. Pour les autres, ils ont probablement été tirés au sort parmi les quelques 35.000 internautes inscrits sur le site de la RATP, et averti quelques heures avant, des lieux et horaires des concerts de l’artiste Nigerian. Au final nous sommes plus d’une centaine de personnes ultra privilégiés à assister au spectacle. L’ambiance est conviviale, chaude et même moite, étant donné la chaleur humaine dégagée, qu’un maigre couloir de métro a du mal à évacuer avec autant de monde. Mais cela fait aussi partie du jeu et rend l’atmosphère torride. Et la première partie, aux rythmes de tambours haïtiens, n’est pas là pour faire baisser la température!

Lorsque le prince du 'Blufunk' fait son entrée en scène, la foule, déjà électrisée, n’a besoin que de quelques riffs de guitare pour être aux anges. Keziah Jones interprète cinq titres de son nouvel album, dont le premier extrait diffusé en radio, le très rythmé 'My Kinda Girl'. Seul sur scène avec sa guitare, tantôt électrique (le plus souvent), tantôt acoustique, on le sent à l’aise, content d’être là, tout comme les badauds ravis.