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OLIVIER ADAM:

Bashung, Vian et lui...

 

 

-entretien avec le talentueux auteur
au Salon du Livre de Paris 2009

Il est l’un des jeunes auteurs qui comptent dans le paysage littéraire français. Parmi ses succès : Je Vais Bien, Ne T’En Fais Pas (adapté au cinéma par Philippe Lioret), Falaises, ou encore À L’Abri De Rien, qui fut l’un des favoris du prix Goncourt 2007. Entre deux séances de dédicaces, Olivier Adam nous a parlé de sa relation aux lecteurs, des livres qui ont compté dans sa vie, du film Welcome (qu’il a coécrit), de ses nouveaux projets, de ses goûts artistiques… Mais aussi d’Alain Bashung.

29/03/2009
>> accueil

- propos recueillis par Frédéric VIAUX -

***

- OLIVIER ADAM -

Des Vents Contraires - éditions de l'Olivier

 

 

interview: BASHUNG, VIAN ET LUI


Bonjour Olivier Adam. Vous avez l’air fatigué…

Oui, j’ai le « casque ». Je crois que c’est à cause de la mort d’Alain Bashung.

Que représentait-il pour vous ?

Bashung était une source d’inspiration pour mon écriture. Non seulement il comptait musicalement, mais son univers était très littéraire. Sa chanson Bijou Bijou, par exemple, aurait pu être écrite par Raymond Carver. J’aimais aussi son côté cow-boy fatigué, son élégance, sa rigueur, la façon dont il s’était radicalisé au fil du temps. Sur scène, c’était la classe totale. L’amplitude…

Lui voyez-vous une descendance ?

Je ne sais pas. Disons qu’il a ouvert des portes, qu’il a rendu possible la jonction entre le rock anglo-saxon et la langue française. Demandez à Dominique A ou Miossec, ils vous diront à quel point Bashung les a inspirés, pour la musique et les textes.

Venons-en à vos livres et à vos relations avec les lecteurs, comme ici, sur le Salon. Quelles remarques vous touchent le plus ?

Les gens me disent souvent qu’ils ont l’impression que je parle d’eux, de la manière dont ils vivent leur vie. Ils se sentent comme des personnages de mes livres. C’est très touchant. Après avoir écrit À L’Abri De Rien, j’ai rencontré des femmes borderline qui m’ont dit que j’avais mis des mots sur ce qu’elles vivaient. J’ai même parlé à un psychiatre-enseignant qui donne à lire à ses élèves des passages de ce livre, pour étudier les manifestations bipolaires du comportement.

N’est-ce pas délicat de communiquer avec vos lecteurs sur une matière souvent très intime ?

Évidemment, la matière que je traite est hautement sensible ; il y a plus d’implication que si l’on partageait une passion pour un club de foot… Je sais que certains livres bouleversent et peuvent changer des vies. C’est souvent difficile à recevoir pour un écrivain. Car si le lecteur se sent « compris » par un livre, il espère l’être aussi par l’auteur. Les rencontres très chargées en émotion sont déséquilibrées car la demande est plus forte que l’offre… Et ça finit rarement bien. Cela dit, j’entretiens parfois des relations épistolaires avec des lecteurs.

Remontons dans le passé. Quels sont vos premiers souvenirs de lecture ?

Hulul (de A. Lobel, ndlr), que j’ai redécouvert dans les locaux des éditions L’École Des Loisirs. Cette redécouverte, pour moi, c’est un peu comme la madeleine de Proust. Le livre a réveillé des souvenirs, notamment d’école, alors que j’avais un black-out sur mon enfance. Aujourd’hui, je le lis à ma fille. Il y a aussi Les Trois Brigands, de Tomi Ungerer.

Quel livre vous a donné envie d’écrire ?

L’Écume Des Jours, de Boris Vian. C’est le type de livre où l’on vérifie ce que l’on a déjà en soi. Une lecture qui fout par terre, qui brûle. D’ailleurs, on retrouve des Chloé dans mes bouquins. Ce que j’en garde, c’est le goût des choses déchirantes et dignes. Ne jamais céder. Je trouve aussi ce refus de l’épanchement ou de la complaisance chez Raymond Carver.

Duquel de vos romans êtes-vous le plus fier ?

A L'Abri De Rien. Parce ce que c’est un sujet audacieux, un livre engagé. En France, les romans engagés sont souvent considérés comme sales, comme une littérature déviante. Je m’y suis attaqué sans démonstration ni propagande, et ça a touché les gens. Dans le prolongement thématique du livre, il y a aussi Welcome, le film de Philippe Lioret, dont j’ai coécrit le scénario. J’en suis fier car il a eu deux échos : intimiste et politique. Le film a fait la une de Libé, qui a demandé l’abrogation de loi permettant la répression de ceux qui aident les clandestins. Je pense que ce film est juste et indiscutable. C’est peut-être ce qui emmerde Monsieur Besson et qui explique son énervement récent…

Y a-t-il un de vos romans que vous n’aimez pas ou plus ?

Quand je relis Je Vais Bien et À L’Ouest, j’ai envie de les envoyer au pilon ! Je les trouve atroces. Je suis allé récemment faire une lecture publique en Allemagne et j’ai eu honte. Ce n'est pas écrit. Il n’y a pas un gramme de phrase…

Comment déterminez-vous les sujets de vos livres ?

Mon point de départ, c’est toujours : quelqu’un, quelque part. Je fais une littérature de personnages. Dans mes livres, l’histoire est moins importante que les personnages. Pour À L’Abri De Rien, par exemple, j’ai commencé avec une figure, Marie, et un lieu, Calais.

Quels autres lieux pourraient vous inspirer à l’avenir ?

Le Japon, où j’ai vécu. Mais aussi les zones semi-pavillonnaires de la banlieue parisienne, où j’ai grandi. J’aimerais écrire un livre sur les classes intermédiaires voire moyennes-inférieures, ces milieux sociaux où les enfants vivent actuellement moins bien que leurs parents. Il y a peu de temps, j’ai croisé par hasard un copain d’enfance, sans qu’il me reconnaisse. Il est aujourd’hui à la rue. Quand je pense qu’on vient du même milieu, qu’on allait à l’école ensemble… J’aimerais écrire sur cette fragilité, montrer comment un type a pu glisser. Ce serait un livre mené comme une enquête. Retrouver des gens du même âge, ayant vécu au même endroit, et voir ce qu’ils sont devenus. Une sorte d’état des lieux. Histoire d’évoquer la puissance des mécanismes de reproduction sociale.

Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Oui, cela fait quelque temps que je souhaite écrire sur Nino Ferrer, sur sa disparition. Son suicide, au milieu d’un champ de blé. Un peu à la manière de Gus Van Sant dans Last Days, quand il évoque les derniers jours de Kurt Cobain. Ça pourrait prendre la forme d’une rêverie, d’une variation poétique et littéraire.

Quel sujet n’aborderez-vous jamais ?

Moi. Et mon entourage. Tant que ça pourra blesser les gens. Je n’ai rien contre la démarche autobiographique. Ce que font Annie Ernaux ou Emmanuel Carrère, par exemple, me passionne. Mais je n’arrive pas à m’y atteler. Ce genre littéraire implique une prise de pouvoir sur mon entourage, ce qui me gène. Cela brise mon élan.

Avez-vous récemment lu des livres que vous auriez aimé écrire ?

Il y a des livres que j’ai adorés : ceux d’Annie Ernaux ou d’Emmanuel Carrère, que je viens de citer, ou encore La Route, de Cormac McCarthy, Fugitives, d’Alice Munro… Mais je ne me suis pas dit que j’aurais souhaité les écrire. En revanche, pour d’autres formes artistiques, je me suis dit : « J’aurais aimé être capable de faire ça. » Au cinéma : Indian Runner de Sean Penn, les films de Noami Kawase ou de Kore-Eda, comme Nobody Knows. En BD : Adieu Maman (de Paul Hornschemeier, ndlr). Et en musique : la chanson Barbara 1978 de Mendelson ; j’ai eu envie de la réécrire…

De la réécrire ?

Oui, d’y mettre mes mots. D’ailleurs, il m’arrive aussi d’avoir envie de réécrire mes propres livres. Notamment À L’Abri De Rien. C’est l’envie de reprendre un personnage. Comme si je n’avais pas fait le deuil de sa compagnie. En fait, je lutte pour ne pas reprendre tout le temps le personnage de Marie. Mais on la retrouve dans plusieurs de mes textes : Sous La Pluie (littérature jeunesse, ndlr), Falaises, ou dans Maman Est folle (téléfilm qu’il a coécrit, ndlr).

Qu’est-ce qui vous attire tant dans ce personnage ?

Son enfermement, son exaltation. Marie m’intéresse aussi sur un plan clinique, pour son côté maniacodépressif. J’ai imaginé des personnages plus solides, comme Paul Anderen, dans mon dernier roman, Des Vents Contraires. Mais Marie, c’est spécial. Marie, c’est moi…

Des Vents Contraires de Olivier ADAM, éd. de l'Olivier 256 pages – 20 €.

 

- "bashung était une source d'inspiration
pour mon écriture
" -

 

 

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