- par Eric HOLSTEIN -
Alors qu’en est-t-il ? Au premier abord l'objet met en confiance. Une jolie présentation en digipack au design élégant. Très sixties. Très soul. Clin d'œil homonymique à la mythique salle de Harlem. Seulement la référence s'arrête là, puisque c'est à l'Apollo de Manchester que Richard Ayoade a choisi de filmer, dans la continuité, le dernier concert de la tournée 2007 du quatuor de Sheffield. - de sheffield au cercle polaire -On se souvient du buzz agaçant qui avait accompagné la sortie de Whatever People Say I Am, That's What I'm Not, leur premier album. Cette réputation vaseuse de s'être fait un nom sur MySpace, comme nombre de tâcherons du moment. Pourtant, l'album nous avait convaincus que nous avions bel et bien affaire à un vrai groupe, conscient de ses limites techniques – après tout aucun des membres ne maîtrisaient alors son instrument depuis plus de deux ans à l'époque – mais assez talentueux pour les avoir transformés en atouts. Ils avaient bien-sûr pour eux le formidable talent de songwriter de leur frontman : Alex Turner. Lorsqu'un an plus tard sort Favourite Worst Nightmare, c'est la confirmation que les Arctic Monkeys n'étaient pas qu'une sensation épisodique, qu'un feu de paille éditorial orchestré par une presse musicale anglaise toujours prête à se trouver des génies à courte date de péremption. Un jeu plus affirmé, plus maîtrisé. Une assurance gagnée sur la route, dopée par un succès international amplement mérité. - Alex Turner et son sac d’endives -C'est sur Brianstorm, le premier single de ce second album que s'ouvre ce concert à l'Appolo. Même brutale efficacité que dans la version studio. La qualité sonore flotte un peu, comme toujours sur les lives, mais côté image, c'est une agréable surprise. Richard Ayoade n'a pas lésiné sur les moyens, et a manifestement réussi à suffisamment gagner la confiance du groupe pour les avoir convaincus de se laisser envahir dans leur intimité scénique. Et de fait, c'est presque gêné par tant d'impudeur qu'on se laisse emmener par plusieurs caméras au cœur même de l'action. Une virtuosité du cadre et du montage qui compensent largement le jeu statique des Monkeys, et une photo assez léchée pour faire (presque) oublier le manque patent de charisme des membres du groupe qui, à la notable exception d'Alex Turner, ont le sex appeal d'un sac d'endives. Oui, on le dit, l'attitude, c'est la moitié du chemin vers les succès pour un groupe rock, mais comme les Arctic Monkeys ont deux fois plus de talent que la pléthore binaire qui encombre ondes et linéaires, ont leur pardonne aisément de ne ressembler à rien. - machine à tubes -Et pour jouer, ça joue ! L'espace scénique est vite occupé par l'aisance du groupe. C’est le dernier concert d'une longue tournée et on sent clairement que les quatre sont solides sur leur jeu. Les singles s'enchaînent sans faute de goût, au point qu'on se surprend à leur découvrir autant de morceaux référence. Presque comme ses vieux groupes qui tiennent deux heures de concert avec les classiques qu'ils ont inscrits dans l'histoire du rock. Et puis on réalise que l'évidence de leurs morceaux nous laisse cette impression que chacune de leur chanson est un tube. Un tube qu'ils servent sur scène avec une dévotion sans faille. - de jeunes singes qui savent faire
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