BLESSURE
D'AMOUR PROPRE
-scénario et dessin Martin Veyron
Dargaud - 84 p., 14,50 €
Voilà un retour gagnant qui fait plaisir ! 26 ans après L'Amour Propre (Ne Le Reste Jamais Très Longtemps), une bd porno-chic au succès fulgurant, Martin Veyron fait son grand come-back avec Blessure D'Amour Propre, en Sélection Officielle au festival d'Angoulême 2010. Une fois encore, l'auteur-dessinateur de bd s'y met en scène, mais cette fois-ci de façon encore plus explicite puisque le personnage principal porte son nom et vit sa vie actuelle, celle d'un homme qui a connu le succès il y a bien longtemps et que beaucoup croient mort. L'homme est vieillissant, aigri et amer. Il ne pense qu'au jardinage, alors que sa prostate le lâche et que ses créanciers s'impatientent. De ce quotidien peu gratifiant, Martin Veyron tire une aventure décoiffante et rafraichissante, brouillant les pistes entre ce qui est vrai et ce qui n'est que fiction. La couverture montre un homme apeuré, arrosant un bac à fleur au balcon, tandis que six femmes gravissent l'escalier à la queu-leu-leu vers son atelier. Toutes, emboîtant le pas à une journaliste qui prépare un documentaire pour Arte, viennent réclamer les talents de ce sourcier du Point G, qui transforme en femmes fontaines les plus récalcitrantes. L'auteur pratique l'auto-flagellation à longueur d'un album qu'il débute avec des citations de Rutebeuf, Sigmund Freud et Jean Boyer en guise de préface. Ce Martin Veyron-là, qui nous gratouille, qui nous chatouille et nous parle aussi de la vie telle qu'elle est nous avait manqué. Qu'il revienne au plus vite ! Nous n'attendons pas un autre quart de siècle.