Reçue ce dimanche par Ban Ki-moon (secrétaire général des Nations Unies), qui l’a invité à participer à l’automne à un forum pour les otages du terrorisme, Ingrid Bétancourt doit être décorée demain par le Président Sarkozy et assister au défilé du 14 juillet dans sa tribune. Elle sera dimanche 20 juillet sur la place du Trocadéro pour soutenir les otages encore détenus par les FARC.

- Libre, mais toujours liée… aux otages -

Le combat continue. Ingrid Betancourt ne cesse d’en poser les jalons depuis son retour, le 4 juillet dernier, sur le sol français. Inlassablement, sans même s’être donné quelques jours de relâche, ne serait-ce que pour récupérer des épreuves qu’elle a surmontées, celle que beaucoup désignent désormais comme une « icône de la liberté », parle du combat qui est désormais le sien : mobiliser la communauté internationale et lutter pour obtenir la libération de la vingtaine d’otages politiques encore détenus par les FARC. La guérilla, pilotée par des narcotraficants sans scrupules et sans idéaux (on se croirait dans un scénario d’Oliver Stone) tente de reprendre pitoyablement la main en criant, concernant la libération de Betancourt, à la trahison de deux caciques et en menaçant les autres otages. Ingrid, par solidarité et parce qu’elle sait que leurs conditions de détention se sont certainement durcies depuis ces événements, n’omet de les mentionner dans aucun des interviews ou discours qu’elle donne.

- L’appel d’Ingrid, à l’Assemblée Nationale -

Au profit d’un très beau discours qu’elle a donné le mercredi 9 juillet à l’Assemblée Nationale*, durant lequel elle a exprimé de façon poignante ce que représentaient pour elle les trois mots qui symbolisent les valeurs de notre République (« Liberté, Egalité, Fraternité »), elle a invité tous les médias à se mobiliser pour un événement que sa sœur Astrid met en place au Trocadéro, le jour anniversaire de l’indépendance de la Colombie. Elle compte, à cette occasion, lancer une pétition de soutien aux otages des FARC et communiquer en duplex avec la Colombie. De nombreuses personnalités politiques ou artistiques seront présentes.

- De l’enfer amazonien à la jungle médiatique -

Le contraste avec la vie que menait l’ex-otage il y a dix jours à peine est saisissant. Détenue par les FARC, Ingrid Bétancourt, prostrée et confinée en pleine jungle dans des conditions sur lesquelles elle n’a pas encore levé le voile, menait la vie d’une esclave. A part ses bourreaux et quelques compagnons d’infortune, elle n’avait vu personne depuis 6 ans et demie. Depuis 10 jours, sa médiatisation, les hommages et honneurs qu’elle reçoit et son agenda seraient plutôt ceux d’un Chef d’Etat et ce sont des milliers de visages souriants et de déclarations chaleureuses qui la portent. Même si la fatigue (légitime) l’a plusieurs fois rappelée à l’ordre (notamment à Europe 1 ou lors du duplex avec Larry King de CNN) et malgré ses déclarations sur son envie de se mettre au vert au plus vite, Ingrid Betancourt poursuit sans relâche son marathon médiatique. Peut-être pour oublier plus rapidement, dans ce tourbillon qui donne le vertige, l’enfer dont elle est revenue : « il s’est passé beaucoup de choses dans la jungle et certains souvenirs doivent y rester ». Et pourtant, les dizaines d’interviews qu’elle a déjà donné la ramène sans cesse dans cette jungle étouffante…

Heureusement, car il y a ce combat et beaucoup d’autres ensuite à mener, le phénomène Ingrid Bétancourt semble -pour l'instant- ne pas s’essouffler. Avec des inconvénients sans doute, car les « moments privés » qu’elle tente de s’octroyer (exemple son récent séjour à Lourdes) sont désormais accompagnés d’une nuée de journalistes avides. Chacun de ses gestes fait crépiter les flashs, chacun de ses mots est repris dans la presse. Plus elle donne, plus on lui en demande. Mais laissez la respirer !

- La médaille du courage -

Demain, lundi 14 juillet, Ingrid sera élevée au grade de chevalier de la légion d’honneur, tout comme Sony Rykiel ou… Dany Boon. Mais la vraie médaille, qu’elle porte depuis toujours, c’est celle du cœur, du courage et de la dignité. Ce n’est pas une décoration qui changera ce que les gens ressentent pour cette femme mais oui, Ingrid Betancourt mérite cette légion car, par la justesse et la sincérité de ses mots, elle fait incontestablement honneur à cette France qui s’est battue pour elle. Elle ne cesse de lui dire merci, mais notre pays peut lui rendre la pareille. Il est un peu plus beau depuis quelques jours, grâce à elle et cela fait longtemps qu’on ne l’avait pas vu ainsi

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