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*RETROUVEZ TOUTES NOS MISES EN LIGNE
  LIÉES À JACQUES VERGÈSICI

L'AVOCAT DE LA TERREUR

 

 

-en 2007, Barbet Shroeder mettait en joue l'intrigant Jacques Vergès et livrait un film ahurissant

Comment élucider le mystère du très médiatique et controversé Jacques Vergès, avocat des causes dites « indéfendables » ? Défi immense pour Barbet Schroeder qui s'était déjà attaqué à Amin Dada. Pas de thèse péremptoire dans ce grand documentaire, mais une multitude étourdissante d’infos, de témoignages et de pistes de réflexion. Un film-enquête, aux accents de thriller politique, qui met surtout en lumière… les zones d’ombre, innombrables et insondables, d’un homme et d’une époque hantée par le terrorisme.

19/01/2009 >>accueil

- par Frédéric VIAUX -

 


La confusion entre activités professionnelles et activités ou convictions personnelles ajoute à son aura romanesque. Par exemple quand il indique, la voix tremblante, qu’il aurait pu tuer quelqu’un, Lacoste ou Massu, si Djamila Bouhireb avait été exécutée, ou lorsqu’il dit éprouver « de la sympathie et de l’estime » pour le terroriste Carlos. Personnage extrême, "borderline", porté par une conception toute personnelle de la justice, Vergès a quelque chose de monstrueux. « J’aime les monstres », reconnaît Barbet Schroeder.

Autre élément de l’approche « fictionnelle et poétique » du réalisateur, selon ses propres termes : l’utilisation de la musique. « Toute la musique agit comme dans un film de fiction pour souligner les moments de tension, de drame ou d’émotion. »

- un homme dans l’Histoire -

« Ce qui m’a le plus passionné, ajoute Schroeder, c’est de pouvoir à travers lui [Vergès] faire un film sur l’histoire contemporaine, sur les cinquante dernières années que nous avons vécues. » Plus précisément sur l’histoire du terrorisme international : attentats du FLN, du FPLP, de la Fraction Armée rouge, du groupe Carlos… Pour contrebalancer les affirmations de l’avocat, le réalisateur fait témoigner historiens, journalistes, anciens terroristes, magistrats ou membres des services secrets. Et là, on entre dans une zone de sables mouvants, où il est impossible de se fixer sur une vérité absolue. Schroeder nous emmène du Maghreb au Cambodge, en passant par le Moyen-Orient et l’Allemagne de l’Est. Se dessinent alors des paradoxes hallucinants, associant notamment les intérêts de mouvements terroristes d’extrême-gauche à ceux d’anciens nazis. Toutes les ramifications politiques évoquées ou suggérées donnent le vertige.

Et Vergès dans tout cela, quelle fut sa sphère d’influence ? Et surtout, qu’a-t-il fait pendant ses huit années d’absence ? Rangé des affaires politiques, selon une amie de l’avocat, exilé au Cambodge, selon l’opinion générale de l’époque, ou alors serviteur de la cause palestinienne, voire même informateur en RDA, peut-être pour la France ? C’est une nébuleuse d’hypothèses absolument captivante et totalement déroutante.

- le sphinx… -

Questionné sur le mystère de ses activités durant les années 1970, l’avocat répond qu’il fut « sollicité par quelque chose qui [lui] semblait important », et qu’il est « revenu mince, le teint halé et aguerri »… Avec ses yeux plissés, son sourire en coin, Jacques Vergès apparaît comme un sphinx. Subtil orateur, c’est le roi de la phrase sibylline. Impossible à désarçonner, il livre les infos qu’il veut bien concéder, se réfugie parfois dans l’anecdotique pour détourner de l’essentiel, ou derrière le secret professionnel quand ça l’arrange : « Carlos a été mon client pendant quelques mois, il ne l’est plus. Les règles professionnelles m’interdisent de parler de lui. » Bref, il joue au chat et à la souris avec son interlocuteur. C’est à la fois crispant et amusant.

- ...l’acteur... -

Autre facette du personnage, et non des moindres : l’acteur. Pour lui, la cour de justice est une scène. Évoquant le procès Barbie, il parle d’un « décor monté par le gouvernement français ». « À nous d’improviser notre pièce. » On sent en lui une vraie jubilation à se retrouver sous les feux de la rampe. Deux rôles semblent lui plaire infiniment : celui de l’homme héroïque, seul contre tous, et celui du méchant, du salaud, dont on dit qu’il offre aux acteurs de cinéma les plus belles performances. De fait, Maître Vergès peut exprimer toute la gamme de son jeu, à la fois outrancier, provocateur, séducteur, manipulateur… Et faire valoir son sens inné de la réplique qui tue. Pas étonnant de le retrouver actuellement sur les planches du Théâtre de la Madeleine à Paris. Cette science de la composition et de la rhétorique rend son personnage extraordinairement complexe, raffiné et inquiétant. Comme le dit Schroeder, il y a chez lui un côté « esthète pervers et décadent ».

- …et le funambule -

Pas de meilleure formule pour conclure ce film et cerner L’Avocat De La Terreur que ce témoignage de Vergès sur sa fonction. Selon lui, l’avocat doit se battre « bec et ongles » pour la personne qu’il a choisi délibérément de défendre. Et pour cela, « utiliser toutes les armes que la loi et les usages nous donnent ». « Mais je crois qu’on ne doit jamais franchir la ligne blanche, parce que à ce moment-là, nous devenons vulnérables. » Compte tenu de son invulnérabilité, on serait tenté de voir en lui un maître d’armes et un funambule. Ce ne sont pas les soupçons et les accusations qui manquent à son encontre, mais les preuves irréfutables d’activités condamnables…

L’originalité de ce documentaire, c’est que le funambule Vergès marche sur la même corde que le funambule Schroeder, qui tente lui de trouver un équilibre entre condamnation et admiration, réalisme et fiction, sentiment personnel et tentative d’approcher la vérité. Son film est donc instable, discutable, mais il crée par ce fait une tension permanente, rarement atteinte dans ce genre cinématographique19/01/2009

 

- jacques vergès, d'ombre et de lumière -

 

 

 

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