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*RETROUVEZ TOUTES NOS MISES EN LIGNE
  LIÉES À JACQUES VERGÈSICI

L'AVOCAT DE LA TERREUR

 

 

-en 2007, Barbet Shroeder mettait en joue l'intrigant Jacques Vergès et livrait un film ahurissant

Comment élucider le mystère du très médiatique et controversé Jacques Vergès, avocat des causes dites « indéfendables » ? Défi immense pour Barbet Schroeder qui s'était déjà attaqué à Amin Dada. Pas de thèse péremptoire dans ce grand documentaire, mais une multitude étourdissante d’infos, de témoignages et de pistes de réflexion. Un film-enquête, aux accents de thriller politique, qui met surtout en lumière… les zones d’ombre, innombrables et insondables, d’un homme et d’une époque hantée par le terrorisme.

19/01/2009 >>accueil

- par Frédéric VIAUX -

 

- de la difficulté d’appréhender
un tel sujet -

Si l’exercice du réalisateur est délicat, celui du spectateur ne l’est pas moins. Sur un sujet aussi sensible (le destin d’un homme double sur fond de naissance et d’histoire du terrorisme « moderne ») et ouvert aux conjectures, le fond – plus que jamais – est conditionné par la forme. L’objectivité des faits, si tant est qu’elle soit possible, nous est transmise par le prisme du regard de l’auteur. Une subjectivité qu’annonce d’ailleurs Barbet Schroeder d’entrée de jeu : « Ce film présente le point de vue personnel du réalisateur sur Jacques Vergès. »

Dans une interview accordée à Régine Vial en avril 2007, présentée sur le site lavocatdelaterreur.com, il précise : « Même quand on fait un documentaire, on interprète, on fabrique de la réalité. » Certes, Schroeder n’apparaît pas à l’écran ; on ne l’entend pas non plus en voix-off. Mais son discours est un « discours cinématographique qui se transmet par le montage ». Des « images qui suggèrent ». « Le spectateur doit aussi faire une partie du travail. » Autant dire tout de suite que ce travail d’interprétation et de vigilance, associé à des propos denses et troublants, laisse le spectateur épuisé, perplexe, mais enrichi d’une expérience unique.

- entre fascination et répulsion -

Première illustration de ce qui précède : le début du film. Filmé en gros plan, Pol Pot raconte que Jacques Vergès le décrit comme quelqu’un de « poli, discret et souriant ». Des photos montrent ensuite des accolades entre l’avocat et un autre chef khmer. Bouquet final : un témoignage de Vergès lui-même, qui minimise le génocide cambodgien. Rien de tel pour créer le malaise et susciter une répulsion instinctive. On se dit que Schroeder, d’emblée, « instruit à charge ». La fin du film provoque la même réaction. Une succession de photos présente, sans explications, les accusés défendus par l’avocat ces dernières années, de Roger Garaudy à Tarek Aziz, en passant par Max Frérot et Idriss Deby.

Mais le point de vue du réalisateur est ambivalent et contradictoire, puisqu’il témoigne aussi d’une certaine fascination à l’égard de celui qui a défendu la lutte des Algériens pour leur indépendance. « Il y a un noyau magnifique, héroïque, qui est l’Algérie », indique Barbet Schroeder dans la même interview de 2007. C’est là où Vergès « va se trouver, se révéler, vivre les moments les plus intenses de sa vie ». « Tout cela sera quelque chose de très beau, très pur, idéal. » L’auteur souffle ainsi le chaud et le froid. Un mélange qui déstabilise, mais qui restitue aussi l’ambiguïté du personnage.

- l’éclairage biographique -

L’un des intérêts de ce documentaire est d’apporter des précisions biographiques sur Vergès – sa famille, sa jeunesse – qui éclairent dans une certaine mesure ses choix et engagements futurs. Né d’une mère vietnamienne et d’un père réunionnais, il est « né colonisé », comme le dit le journaliste et écrivain Lionel Duroy. « Né en guerre », « né en colère ». Sa seule possibilité d’exister : « Être contre. » Lui que l’on appelait « le Chinois » en Algérie déclare devant la caméra de Schroeder qu’il ne peut « tolérer qu’un homme soit humilié, même un ennemi ». Son ressentiment personnel l’aurait poussé à choisir certains de ses clients parmi les ennemis de la France, des militants du FLN à Carlos. Même quand il défend Klaus Barbie, il détourne le procès pour instruire celui de la France, établir un lien entre la torture en Allemagne et la torture en Algérie, et rapprocher les officiers français des officiers nazis…

- la dimension romanesque -

« Vergès est définitivement un personnage de roman », reconnaît le réalisateur. « Ce film a été conçu entièrement comme un film de fiction. » Voilà qui remet encore plus en cause la vérité documentaire de l’œuvre, mais c’est aussi ce qui la rend passionnante. Schroeder a procédé par « ricochets », par « échos » entre l’histoire personnelle de l’avocat, ses histoires d’amour et la grande histoire, secouée par le terrorisme.

Défenseur et amoureux de Djamila Bouhired, la « pasionaria algérienne », il finit par l’épouser et se convertit à l’islam. Quelques années plus tard, il quitte femme et enfants pour partir on ne sait où. Une « disparition » de huit ans (entre 1970 et 1978) qui alimente toutes les rumeurs, sous l’œil amusé du principal intéressé. Quelque temps après son retour en France, il se glisse à nouveau dans sa robe d’avocat et assure notamment la défense de Magdalena Kopp, membre du groupe Carlos et compagne de ce dernier, dont il semble s’éprendre. Jacques Vergès est un « type éperdument sentimental », commente Rolande Girard-Arnaud, une de ses amies. C’est un épithète que l’on n’aurait pas facilement collé à "l’avocat de la terreur" avant de voir le film…

 

1 - l'affiche française
2 - l'affiche américaine

 

 

 

 

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