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Entretien Filmé

- Franckie alarcon & albert drandov -

Au Nom De La Bombe, Histoires Secrètes Des Essais Atomiques Français - Delcourt

 

- Cadre, et montage : Gert-Peter BRUCH -

 

2/2: 'LE MÉPRIS POUR RÉCOMPENSE'
- texte et interview Gert-Peter BRUCH -

Le dessinateur Franckie Alarcon parle de son entrée, de son implication et de son travail de recherche dans le projet brûlant d'Au Nom De La Bombe. Albert Drandov revient quant à lui sur la façon étonnante dont certains documents inédits ou carrément classés Secret Défense lui sont parvenus. Quant aux cobayes involontaires des essais nucléaires français évoqués, militaires ou populations civiles, le scénariste évoque le mépris dont ceux-ci font aujourd'hui l'objet de la part des institutions.

 

INTERVIEW

>> TEXTE INTÉGRAL <<

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2 - BD D'INVESTIGATION -

Depuis que la bd est sorti, avez-vous encore découvert d'autres documents étonnants et intéressants ?

Albert Drandov: J'ai un exemple qui date de quelques jours. J'étais en séance de dédicaces avec des vétérans à Brest. Au moment de conclure et écrire mon petit mot sur la bande dessinée de l'un d'eux il m'a dit « c'est mon tour à présent de vous faire une dédicace ». Il a sorti un papier jauni qu'il m'a signé : c'était un document interne à l'armée au sujet de l'Algérie.

Il faut dire qu'il y a des documents incroyables à la fin de Au Nom De La Bombe. Quelles sont leur histoire et surtout quels sont-ils ?

Albert Drandov: J'ai beaucoup travaillé avec un centre de recherche, l'Observatoire de l'armement de Lyon. Je suis resté trois jours là bas à fouiller dans les archives, à lire les lettres des vétérans et à essayer d'obtenir un contact avec certains d'entre eux ; j'y 'ai trouvé des documents. Évidemment, la grande majorité avaient été découverts par le journaliste du Nouvel Observateur, mais il y avait aussi tous ceux qui étaient régulièrement arrivés par la poste. Certains ont même atterri dans ma propre boîte aux lettres, parce que le bouche à oreille a fait parler de cette bande dessinée écrite par un journaliste. Il y a encore une image un peu négative du milieu de la bd, mais comme je suis journaliste, certains pensaient à m'envoyer un document, au cas où cela m'intéresserait. D'autres gars me contactaient par internet pour me proposer des dossiers dont ils minimisaient souvent l'importance. C'est ainsi qu'on découvre parfois des pépites.

Certains de ces documents vous sont-ils parvenus de façon anonyme ?

Albert Drandov: L'anonymat est toujours relatif. On devine rapidement l'auteur de l'envoi car vous avez une conversation une semaine avant avec une personne méfiante qui n'ose pas trop révéler ce qu'elle sait. Avec un petit sourire, l'individu est équivoque et finalement le document arrive. Cela s'est déjà produit pour les affaires nucléaires. On sait plus ou moins d'où le dossier provient ; il s'agit de quelque chose de tout à fait ordinaire dans le métier de journaliste ou d'enquêteur.

Les dossiers secrets du Parisien viennent de vous, n'est-ce pas ?

Albert Drandov: C'est une bonne remarque. C'était la première fois qu'une bande dessinée sortait un scoop car nous y avions publié un document inédit. Nous avons bien sur prévenu Le Parisien, pour qu'il ne se trompe pas sur l'origine du fichier et il en a fait ce qu'il a voulu. Sans être méchant, je dirais que la "survente" des informations est une pratique très connue de ce journal. Le plus important étant que à cause ou grâce au Parisien, on a d'autant plus parlé du scandale de l'utilisation de cobayes en Algérie en 1961. Je pense que c'est cela le plus important qu'il faut noter et si cela a servi à faire connaître cet événement, il faut s'en réjouir et oublier cette histoire.

Et vous Franckie Alarcon, que pensez-vous humainement de cette histoire très lourde et qui révèle une face sombre de la République Française, de notre démocratie ?

Franckie Alarcon: Ce que j'en pense ? Je suis originaire de Brest et il est vrai que nous sommes assez sensibles sur le sujet dans la région, car il y a une base de sous-marins nucléaires. Dès le début du projet, j'ai été très touché personnellement, car la bd révèle des faits complètement hallucinants. L'histoire de ces soldats utilisés comme cobayes, envoyés en manœuvres juste après les tirs, par exemple, m'a ému.

Le sort des populations vous a-t-il également intéressé ?

Albert Drandov: Absolument. La difficulté étant de ne pas pouvoir se rendre sur place. Il est vrai que j'ai bénéficié d'anciens témoignages. Il y a notamment une écologiste du nom de Solange Fernex qui est allée en Algérie il y a plus de quinze ou vingt ans pour recueillir la parole de paysans autour de Reggane. Ce vieux document très laid, qu'elle a autoproduit, fait partie des sources qui m'ont permi de travailler.

J'ai aussi été en contact avec le président de l'association des victimes des essais atomiques en Algérie et avec l'association Moruroa E Tatou qui se trouve en Polynésie et dont les responsables sont venus plusieurs fois en métropole. Comme je ne voulais pas me focaliser sur les militaires, les discussions avec ces associations et notamment le chercheur Bruno Barillo, régulièrement en voyage en Polynésie, m'ont donné des pistes. C'est pourquoi j'ai été ravi de découvrir cette bordelaise, femme d'un ancien militaire décédé sans avoir voulu lui expliquer de quoi il mourrait, ni ce qui lui était arrivé. Cette histoire explique un peu l'enfermement mental des soldats par rapport à l'armée. Cela exprimait une diversité. Le sort des populations est une véritable préoccupation, bien sûr.

En commençant cette enquête, vous deviez vous douter des éléments que vous alliez trouver, mais peut-être avez-vous encore découvert davantage. Sortez-vous de cette aventure plus atterré ? Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?

Albert Drandov: Quand on travaille sur ces thèmes-là et pour ne pas être trop secoué, il faut faire la toile cirée : il est indispensable d'être presque imperméable de ne pas être trop sensible, ni vivre abusivement dans l'émotion, le travail en est autrement destabilisé. Toutefois, nous ne sommes pas de bois. Il y a des histoires extraordinairement impressionnantes, notamment celle de cette femme qui s'est battue trente ans pour connaître la vérité sur la mort de son mari, sur le sort des populations locales et la façon dont ont été traités les jeunes gens.

Au final, ce qui résumerait en un mot mon sentiment à la sortie de cette bande dessinée : le mépris. Au sortir de la guerre, en 1945, s'est formé un consensus entre la gauche et la droite pour que la France soit véritablement indépendante et obtienne sa propre bombe. Tout le monde était prêt à jouer le jeu, gaullistes ou communistes ; l'arme nucléaire française était un élément important. Les soldats étaient disposés à prendre certains risques et à en payer un tant soit peu le prix, mais à condition qu'on ne mente pas, qu'on dise la vérité et qu'on les reconnaisse, quitte à les soigner s'il y avait un problème. Or, c'est tout l'inverse qu'il s'est passé. La bombe a été créée au nom de la raison d'État et on s'est moqué des conséquences. Le mépris est l'élément qui me reste le plus car je réalise aujourd'hui que les vétérans, les appelés, ou les populations locales polynésiennes et algériennes sur place n'avaient rien à voir avec l'aventure atomique.

Je suis d'accord avec vous. J'ai rencontré ces gens extrêmement dignes grâce à des réunions de l'AVEN et ils demandent uniquement à être reconnus en tant que victimes et que soient pris en charge leurs frais médicaux. Finalement, cinquante ans après, les choses ne bougent pas et reste cette impression que les autorités attendent que les témoins meurent.

Albert Drandov: Je revois hélas comme une photocopie le scénario du scandale de l'amiante sur lequel j'ai travaillé : on attend qu'une génération meure pour tourner la page.01/04/2010

 

 

- PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR -

 

On estime à 150 000 le nombre de personnes qui ont participé de près ou de loin à "l'aventure" de la bombe atomique française. Mais, ce n'est que depuis peu que la parole des vétérans se libère.

Face au silence de l'État, les hommes sortent les photos des placards. Les documents secret-défense reprennent la lumière...

Fondé sur leurs témoignages, cet ouvrage constitue un véritable objet de mémoire.28/04/2010

Franckie ALARCON & Albert DRANDOV
AU NOM DE LA BOMBE, HISTOIRES SECRÈTES
DES ESSAIS ATOMIQUES FRANÇAIS
- Delcourt
En librairie depuis le 20 janvier 2010 / 80 pages, 16,50 €

 

 

 

AU NOM DE LA BOMBE
par Franckie ALARCON et Albert DANDROV - Delcourt

  Au Nom De La Bombe - Delcourt
DRANDOV & ALARCON
BD hautement radioactive

 

 

-rencontre avec le scénariste                et le dessinateur de la BD événement 
Au Nom De La Bombe, chez Delcourt

Sans faire de mauvais jeu de mots, la bande dessinée d'Albert Drandov (scénariste) et Franckie Alarcon (dessinateur) a fait l'effet d'une bombe dès sa sortie. Il faut dire que le sujet, traitant de faits réels et peu connus, est brûlant... et radioactif. L'ancien journaliste et désormais scénariste s'attaque de plein front au tabou des essais atomiques français, en Algérie et en Polynésie. Au nom de la France et sous l'impulsion du Président Charles de Gaulle, des soldats et les populations locales ont été exposés aux radiations ou utilisés comme cobayes. Maladies non reconnues, mensonges, dissimulations : à partir de témoignages, de photos et documents secret-défense, Drandov et Alarcon lèvent le voile sur l'une des plus grandes hontes de l'histoire française. Dix histoires se succèdent, bâties comme des courts-métrages, mettant en lumière un drame humain. Après Amiante, Chronique D'Un Crime Social, Drandov a mené une impressionnante investigation et créé un nouveau genre, le "bédéjournalisme". Au Nom De La Bombe se lit comme on regarde un reportage, l'objectif étant de délier les langues pour informer la population. Un acte de civisme à saluer.

01/04/2010 >> accueil

 

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