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Entretien Filmé

- Franckie alarcon & albert drandov -

Au Nom De La Bombe, Histoires Secrètes Des Essais Atomiques Français - Delcourt

 

- Cadre, et montage : Gert-Peter BRUCH -

 

1/2: 'GRANDE PUISSANCE, PETITS PRINCIPES'
- texte et interview Gert-Peter BRUCH -

Albert Drandov, ancien journaliste devenu scénariste de bd, explique sa motivation à choisir le thème des essais nucléaires français et de leurs conséquences pour le sujet d'un ouvrage pour Delcourt. Lumière sur un sujet qui sort enfin de la confidentialité, près de cinquante ans après l'explosion de Gerboise Bleue (première bombe atomique française) dans le Sahara algérien, grâce notamment à la parole des vétérans qui se libère, sous l'impulsion notamment de l'association AVEN. Drandov évoque également les soldats cobayes : majoritairement des célibataires et beaucoup de noirs de métropole. Exploration d'un scandale sanitaire qui fait honte à notre pays.

 

INTERVIEW

>> TEXTE INTÉGRAL <<

*

1 - sujet hautement radioactif

Derrière Au Nom De La Bombe, il ya deux auteurs. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ? Qui a fait quoi ?

Albert Drandov: Je suis Albert Drandov, scénariste, ex-journaliste. J'ai travaillé environ sept à huit mois sur ce projet avant de rencontrer mon fameux dessinateur qui se nommera lui même.

Franckie Alarcon: Je m'appelle Franckie Alarcon, dessinateur de Au Nom De La Bombe. J'ai travaillé pendant une bonne année sur cette bande dessinée avec Albert.

Comment commence cette aventure ? Je sais qu'elle débute avec vous Albert Dandrov, mais comment vous est venue l'idée ?

Albert Drandov: J'ai été journaliste pendant une quinzaine d'années pour différentes publications, surtout dans la presse écrite. Je me suis beaucoup intéressé au sujet de la santé au travail, de l'environnement et il est vrai que l'énergie atomique a toujours été pour moi suspecte. Elle révèle un côté apprenti sorcier qui m'incite à la surveiller de près. Il m'est donc régulièrement arrivé d'écrire un papier pour le Canard Enchainé ou Charlie Hebdo sur les incidents ou accidents dans les centrales nucléaires.

Il y a cinq ou six ans, la parole des vétérans s'est libérée et les associations ont commencé à se créer, notamment en métropole et en Polynésie. L'opportunité s'est donc présentée d'aller confirmer mon intuition, à savoir que le temps était venu de parler de ce sujet. De fait, très peu étaient les journalistes qui en avaient déjà causé, il y a quelques très bons papiers qui ont été faits depuis une dizaine d'années, mais il n'existe pas de travail de fond important.

Des articles passés quasiment inaperçus, parce qu'on n'en entendait pas spécialement parler.

Albert Drandov: Deux ou trois d'entre eux ont eu un impact. il y a une douzaine d'années, notamment, un journaliste du Nouvel Observateur a eu l'opportunité et la chance d'observer les archives militaires de Vincennes suite à une erreur de l'archiviste, ce qui lui a permis de faire un excellent papier. Outre la parole des vétérans, il constitue l'une des bases fortes qui permet de connaître le déroulement de ces événements assez étranges.

De plus, un chercheur du nom de Bruno Barillo travaille depuis trente ans sur cette thématique. Il a rédigé deux ou trois ouvrages recensant la parole des vétérans et également celle des polynésiens. En parallèle, la revue Damoclès, spécialisée sur l'armement, et Greenpeace ont recueilli le témoignage des polynésiens à la première personne, très brut de pomme. Progressivement, on disposait de matériel permettant de travailler. Voilà comment est venue cette idée. Quand j'ai décidé de changer de vie en passant du journalisme à la bande dessinée et au scénario, j'ai commencé par une bd qui parlait du scandale de l'amiante. J'avais donc pris l'habitude de la démarche de recherche historique, un travail journalistique et de scénariste débutant.

Que saviez-vous des essais nucléaires en Algérie avant de vous lancer dans ce projet ?

Albert Drandov: Comme je l'explique à mes amis, quand je suis en vacances je ne lis que deux quotidiens par jour et j'ai donc toujours suivi cette actualité, mais de loin car je n'avais pas les documents de première main ou les témoignages directs. Nous savions de toute façon qu'il se passait des choses bizarres en Polynésie, comme l'atoll de Moruroa qui s'était fendu. Des expéditions ont été organisées sur les lieux. Tazieff s'y était notamment rendu et des plongeurs ont constaté que l'atoll était fissuré. Il existait de nombreuses informations du même acabit, sauf pour l'Algérie dont les vétérans sont longtemps restés dans le silence, à cause ou grâce à la culture militaire. Fatalement, peu d'engagés parlent. Les appelés témoignent davantage mais il s'agit d'un phénomène récent. Les informations étaient donc parcellaires, comme un journaliste s'intéressant de loin à un sujet.

L'armée avait une technique très élaborée. Elle faisait en sorte que les soldats ne créent pas de liens trop profonds entre eux. Du jour au lendemain certains appelés étaient transférés sans même pouvoir dire au revoir à leurs camarades...

Albert Drandov: Le cloisonnement est le grand classique de l'armée. Elle a envoyé deux-cent fantassins dans le désert algérien pour effectuer des manœuvres après un tir pour voir les effets de la radioactivité sur les soldats. Les gars qui venaient d'Allemagne ne connaissaient pas leurs collègues. On s'est aperçu après coup qu'il s'agissait surtout de célibataires, de garçons "des îles", des noirs de métropole ou même de Polynésie.

Le personnel était choisi et une fois arrivés sur la base en Algérie, ils ont été mis à l'écart dans des tentes et sont allés effectuer des manœuvres sans aucune relation avec les autres soldats. Vous avez raison, ce cloisonnement était très important : souvent certains militaires ne savaient pas ce qu'il se passait à soixante mètres de leur lieux de résidence obligatoire et fermé.

En ce qui vous concerne Franckie Alarcon, à quel moment avez-vous entendu parler de ce projet et comment avez-vous connu Albert Dandrov ? Avez-vous été mis en relation par Delcourt ?

Franckie Alarcon: C'est un petit peu ça, effectivement. David Chauvel, qui dirige l'ouvrage, nous a tout simplement présenté.

Delcourt vous a présenté à plusieurs dessinateur, Albert Dandrov ?

Albert Drandov: J'ai expliqué à David Chauvel que je souhaitais pouvoir collaborer avec un dessinateur au style semi-réaliste ou réaliste parce que j'imaginais que si nous avions un public, il serait constitué d'abord des vétérans et de leurs familles. Mon idée à la base était qu'il ne fallait pas les heurter avec un style graphique trop moderne, mais j'étais ouvert à toutes propositions. Il s'avère que j'ai eu le plaisir de voir la qualité graphique de Franckie et on a commencé à travailler ensemble.

Franckie Alarcon: Tout à fait (rire).

Quel a été votre réaction face à ce projet ?

Franckie Alarcon: Une grosse surprise, car mon style de dessin, mon univers, n'était pas spécialement destiné à ce genre d'histoires, à l'origine. Mais après avoir lu les premiers récits écrits par Albert, j'ai trouvé son projet poignant.

Il faut expliquer en effet que la bande dessinée Au Nom De La Bombe n'est pas un récit complet, mais qu'elle est composée de petites histoires développant chaque fois un axe précis.

Albert Drandov: Elles développent des aspects de la grande aventure de la bombe atomique française.

Vous le dites beaucoup mieux que moi (rire). Franckie, quelle a été votre approche au niveau du graphisme, des recherches, car il est question de lieux et événements secrets ? Comment vous êtes-vous documenté pour coller au plus près à la réalité ?

Franckie Alarcon: La documentation et notamment les photos m'ont été pas mal fournies par Albert, car il avait rencontré beaucoup de vétérans et avait accès à de nombreuses archives. Je me suis également documenté sur internet. Beaucoup de personnes y ont mis en ligne des photos prises à l'époque des tirs et celles représentant la vie au quotidien sur les bases en Algérie ou en Polynésie.

Les vétérans vous ont-ils fourni des documents inédits ?

Albert Drandov: Oui. Ils ont commencé par libérer leur parole, ensuite ils ont ouvert leurs boîtes à chaussures pleines de photos, contenant des histoires ou des clichés inconnus de leurs propres femmes. Il s'agit à peu près du même phénomène rencontré au cours de mon enquête sur l'amiante. Les faits étaient restés noués mais certains me montraient des documents dont ils pensaient qu'ils pouvaient m'intéresser. D'autres, dans les assemblées de vétérans, sortaient tout trembants un écrit en disant : « on n'a jamais parlé de ce document, je suis sûr qu'ils savaient depuis le début ! » La démarche est donc là. Il y a de la matière première, beaucoup et je pense qu'il faut être curieux car elle est facilement disponible pour ceux qui prennent le temps de chercher.

 

 

 

AU NOM DE LA BOMBE
par Franckie ALARCON et Albert DANDROV - Delcourt

  Au Nom De La Bombe - Delcourt
DRANDOV & ALARCON
BD hautement radioactive

 

 

-rencontre avec le scénariste                et le dessinateur de la BD événement 
Au Nom De La Bombe, chez Delcourt

Sans faire de mauvais jeu de mots, la bande dessinée d'Albert Drandov (scénariste) et Franckie Alarcon (dessinateur) a fait l'effet d'une bombe dès sa sortie. Il faut dire que le sujet, traitant de faits réels et peu connus, est brûlant... et radioactif. L'ancien journaliste et désormais scénariste s'attaque de plein front au tabou des essais atomiques français, en Algérie et en Polynésie. Au nom de la France et sous l'impulsion du Président Charles de Gaulle, des soldats et les populations locales ont été exposés aux radiations ou utilisés comme cobayes. Maladies non reconnues, mensonges, dissimulations : à partir de témoignages, de photos et documents secret-défense, Drandov et Alarcon lèvent le voile sur l'une des plus grandes hontes de l'histoire française. Dix histoires se succèdent, bâties comme des courts-métrages, mettant en lumière un drame humain. Après Amiante, Chronique D'Un Crime Social, Drandov a mené une impressionnante investigation et créé un nouveau genre, le "bédéjournalisme". Au Nom De La Bombe se lit comme on regarde un reportage, l'objectif étant de délier les langues pour informer la population. Un acte de civisme à saluer.

01/04/2010 >> accueil

 

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